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La répression allemande durant l'été 1944

Présentation et notes

Jean-Louis Laubry

1. Introduction
2.
DOCUMENT I : Deux arrestations opérées par la Gestapo à la veille du débarquement
3. DOCUMENT II : Les exactions allemandes dans la région de La Châtre pendant l'été 1944
4. DOCUMENT III : 15 août 1944, le massacre de Longeville

Introduction

L'examen de la répression allemande dans l'Indre pendant la période insurrectionnelle exige une présentation préalable de la présence allemande dans le département. À la lumière de l'ouvrage d'Eugène Martres, Le Cantal de 1939 à 1945. Les troupes allemandes à travers le Massif central, Éditions de Borée, 1993, il est possible de préciser l'organisation des troupes allemandes dans l'Indre.

Sur le plan administratif siégait à Châteauroux l'état-major de liaison n° 990 (« Verbindungsstab ») subordonné à l'état-major principal n° 586 de Limoges puis à celui n° 588 de Clermont-Ferrand à partir d'avril 1944. Le détachement n° 979 de la Feldgendarmerie était cantonné à Châteauroux et comprenait 50 à 80 soldats (surnommés les « colliers de chiens » par la population car ils portaient une plaque métallique autour du cou).

Depuis l'invasion de la zone sud en novembre 1942, un commandant du service de sécurité nazi (« Sipo - S.D. » c'est-à-dire « Sicherheitspolizei - Sicherheitsdienst ») officiait à Limoges pour toute la région du Berry-Limousin. En théorie, il dépendait du capitaine Geissler de Vichy mais les relations directes avec les bureaux parisiens de Karl Oberg étaient fréquentes. Le service central de Limoges disposaient d'antennes extérieures (« Aussendienstellen ») dans les chefs-lieux de département donc à Châteauroux. Dans ces détachements locaux opéraient des auxiliaires français. Ces services de police plus connus sous le nom de Gestapo opéraient des arrestations et menaient parfois des actions de répression avec l'aide des Feldgendarmes. Les polices allemandes de Tours et de Bourges intervinrent également à plusieurs reprises dans le nord et l'est du département de l'Indre. À partir du mois de juin, des miliciens se joignirent aux gestapistes et ils accompagnèrent les détachements militaires dans leurs interventions après avoir recueilli au préalable les informations nécessaires.

Sur le plan strictement militaire, c'est seulement le 29 avril 1944 que le général von Brodowski, commandant l'état-major principal de liaison de Clermont-Ferrand, décide d'affecter à Châteauroux la 6e compagnie du 95e régiment de protection et de sécurité. Cette petite unité est directement chargée du maintien de l'ordre.

À partir du débarquement, les actions de la Résistance sur les gares, les villes et les voies de communications se multiplièrent et déclenchèrent dans les régions menacées des ripostes immédiates de la part des forces d'occupation. Le 8 juin, le commandant militaire de la France Sud à Lyon mettait en mouvement vers Châteauroux à partir de Poitiers une colonne de répression commandée par le lieutenant-colonel Stenger. Cette unité comprenait deux compagnies antiaériennes (« F.L.A.K. ») du détachement n° 960 et la 3e compagnie du 194e régiment de sécurité. Le groupe Stenger devait stationner environ un mois à Châteauroux, intervenant dans divers points du département. Le 28 juin, la 2e compagnie du 163e régiment et deux batteries du 28e régiment cantonnaient pendant plusieurs jours à La Châtre. D'autres unités firent des incursions rapides : le 8 juin, la brigade Jesser à Saint-Amand et dans les environs, le 11 juin, le groupe Burkhard-Finger en provenance de Romorantin dans le nord-est de l'Indre.

À partir du mois de juillet, les effectifs militaires commencent à fondre. Les unités du groupe Stenger repartent presque toute à Poitiers vers le 2 ou 3 juillet. Désormais, des colonnes motorisées se déplacent rapidement sur des distances importantes. Ainsi, le 16 juillet, le 4e bataillon du 198e régiment de sécurité (formé de deux compagnies) et une compagnie du 199e régiment de sécurité sont dirigés sur Montluçon puis sur Châteauroux. Les forces d'occupation utilisèrent notamment des mortiers légers de campagne, des canons antiaériens de 20 mm reconvertis en armes d'infanterie, des automitrailleuses d'origine française et surtout des « Panzerspähwagen » (P.S.W.), c'est-à-dire des véhicules de reconnaissance blindés. Ces chevauchées permirent à l'occupant de tenir les villes et les grands axes de communication.

Les traînées sanglantes que laissaient derrière eux les groupes d'intervention allemands étaient destinées à terroriser la population et à briser les noyaux de résistance. Les actes de barbarie attisèrent les haines et déchaînèrent la violence dans les deux camps.



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DOCUMENT I

Deux arrestations opérées par la Gestapo à la veille du débarquement

(source : Archives départementales de l'Indre, M 2775)
À l'automne 1944, dans le cadre des enquêtes sur les crimes de guerre, des gendarmes de la brigade de Vatan se rendent chez deux résistants de la région. Ces deux hommes ont été appréhendés et torturés par la Gestapo de Châteauroux à la mi-mai 1944. Les procès-verbaux rédigés à cette occasion rendent compte des méthodes employées par l'antenne départementale du S.D. à la veille du débarquement.

Procès-verbal n° 408

en date du 23 décembre 1944

de Pedron Auguste et Autret Michel,

gendarmes à Vatan,

sur les atrocités commises

par les policiers allemands

à l'encontre de Meunier à Vatan

M. Meunier André, âgé de 31 ans,

menuisier demeurant à Vatan (Indre) :

« Depuis septembre 1943, j'appartenais au groupe Résistance sédentaire A.S., secteur Nord-Indre, région de Vatan (1) ; à ce titre, avec de nombreux camarades, je participais aux parachutages et service de renseignements. Jusqu'au 16 mai 1944, tout s'était très bien passé, nous n'avions eu aucun ennui et nous espérions ainsi mener notre activité jusqu'à l'arrivée des Alliés. Malheureusement, le 16 mai, j'ai été arrêté dans les cir-constances suivantes.

Ce jour, vers neuf heures trente, deux agents de la Gestapo de Châteauroux se sont présentés chez moi, alors que je travaillais aux machines. L'un d'eux, un homme parlant mal le français m'a ordonné de venir à la maison. Il était accompagné d'un Alsacien que j'ai connu par la suite pour être Sutter (2).

Je suis sorti de mon atelier et Sutter m'a questionné en me demandant mon identité. Je lui ai répondu : "M. Meunier travaille en ville, vous n'avez qu'à aller le chercher."

Sutter m'a obligé à le suivre en ville à l'effet de découvrir le faux Meunier, je suis entré chez M. Vallet Marius, maçon demeurant rue Saint-Laurian à Vatan, où j'ai demandé s'il n'avait pas vu le nommé Meunier. Sur sa réponse négative, j'ai pénétré dans le couloir pendant que Sutter se trouvait sur le trottoir. Quant à l'autre agent de la Gestapo, il était resté chez moi surveiller mon habitation. Aussitôt, j'ai poussé violemment la porte derrière moi pour empêcher Sutter de me suivre mais cette porte ne s'est pas complètement refermée, ce qui a permis à Sutter de me poursuivre, voyant que je voulais lui échapper. Sutter, voyant qu'il ne pouvait me rejoindre a alors tiré un coup de feu dans le couloir, un autre alors que je me trouvais dans la cour de M. Vallet et un troisième après ma sortie de l'habitation une fois sur la place.

M'apercevant qu'il était sur le point de me rejoindre, je me suis réfugié chez Mme Pénichaud croyant trouver une autre issue. Je suis donc monté rapidement au premier étage toujours suivi de Sutter. Là Sutter m'a tiré deux coups de feu et, voyant que j'allais être appréhendé, j'ai sauté par la fenêtre donnant sur la place. En tombant, je me suis fracturé la cheville de la jambe droite. Néanmoins, j'ai marché une trentaine de mètres. À ce moment, épuisé, mon poursuiveur m'a rattrapé en me disant : "Ah ! C'est toi Meunier maintenant."

M. Vallet qui suivait la chasse à l'homme, se trouvant à passer par là avec une brouette, a été commandé par Sutter de me charger et de me conduire chez mon beau-frère M. Mallet où se trouvaient ses autres collègues. Ensuite Sutter aidé des autres agents de la Gestapo, m'a transporté dans le magasin de M. Mallet où il m'a fait asseoir sur une chaise. Là, Sutter m'a demandé si je connaissais "Jacques" d'Issoudun (3). Sur ma réponse négative, un des agents de la Gestapo que j'ai connu après pour être Schmidt (4) m'a jeté un fort coup de poing au-dessous du menton qui ne m'a pas blessé. Ensuite Sutter m'a demandé si je connaissais Bart Lucien d'Issoudun (5). Sur ma réponse négative, j'ai reçu un autre coup de poing qui m'a brisé plusieurs dents aux deux mâchoires par Schmidt. Continuant toujours son interrogatoire, Sutter m'a demandé où était le dépôt de matériel (6) : "Je ne sais pas où il se trouve et ne suis pas au courant." À ce moment, Sutter a commandé à ses camarades de m'emmener chez M. Sans à Reboursin (7), puis ils m'ont fait monter dans leur voiture et nous sommes partis. Quelques instants après leur arrivée à Reboursin, j'ai vu M. Sans être emmené également et chargé dans une autre voiture qui accompagnait celle dans laquelle je me trouvais. M. Sans avait été blessé par eux à une jambe.

Les agents de la Gestapo nous ont laissé seuls dans les voitures pendant qu'ils perquisitionnaient chez mon camarade. M. Sans, profitant de ce laps de temps, s'est enfui mais il a été rejoint après quelques mètres de marche. Mon ami a été ensuite enchaîné dans la voiture où ils l'avaient fait monter.

Par la suite, les deux voitures sont allées jusqu'à la gendarmerie de Vatan où les agents de la Gestapo pensaient trouver M. Roux qu'ils devaient arrêter. Après des recherches inutiles, j'ai été emmené ainsi que M. Sans à Châteauroux, 35 rue de Mousseaux, siège de la Gestapo, où j'ai été descendu à la cave, les quatre membres enchaînés.

Je suis resté dans ce local environ trois heures, seul. Après ce temps, Sutter et un autre agent sont descendus me voir avec une carte en mains et ils m'ont dit où se trouvait le dépôt d'armes, j'ai répondu "oui". Sutter continuant, m'a demandé où se trouvaient les terrains de parachutages et d'émission de signaux. Je n'ai pas eu le temps de lui répondre, qu'il m'a jeté plusieurs coups de crosse de mitraillette sur les talons, et d'autres coups de cette arme sur les jambes. J'ai eu les deux talons fracturés puis ils m'ont bandé les deux pieds.

Après avoir reçu les coups de crosse, on m'a placé les pieds dans un étau ce qui me les a broyés.

Le même jour au soir, j'ai été transporté à l'hôpital en même temps que mon camarade Sans, où j'ai enduré de grandes souffrances.

Le 26 juillet 1944, je fus délivré par mes camarades Perrault, dit "Comte", actuellement commandant à Châteauroux, le capitaine "Julien" Mauduit, Ballereau Raymond, Lapouméroulie Roger, Vilpoux Bernard (8) et un autre que je ne connaissais pas. Aussitôt, je fus caché dans une ferme pendant un mois, puis dans un château près de Levroux et après la libération du département, je revins chez moi.

Je suis dans l'impossibilité absolue de travailler. J'ai été soigné lors de mon hospitalisation par le docteur Chauveau de Châteauroux. Du 26 juillet au 23 août 1944, j'ai reçu les soins du docteur Cluzeau de Châtillon-sur-Indre. Ensuite, j'ai été soigné par le docteur Papazoglou de Levroux jusqu'au 15 septembre 1944, date à laquelle je suis rentré à Vatan.

Depuis le 15 septembre, j'ai suivi un traitement physiothérapique à l'hôpital militaire Bertrand à Châteauroux jusqu'à ce mois.

D'ailleurs, je suis encore obligé d'aller consulter le docteur-médecin commandant Casson. Mon médecin traitant ne peut encore se prononcer sur la durée de mon indisponibilité. Je ne me déplace qu'en bicyclette seulement et peu souvent.

Je vous remets le certificat médical du docteur Chauveau et vous remettrai celui du médecin me traitant actuellement dès que je le pourrai. »

Nombreuses étaient les personnes témoins de l'arrestation de M. Meunier.

Il est de notoriété publique que cet homme fut martyrisé par les agents de la Gestapo de Châteauroux.

M. Meunier est dans l'impossibilité de se mouvoir sur une grande distance sans être transporté sur une bicyclette ou autre.

Docteur Chauveau :

Je soussigné que M. Meunier André a reçu les soins à l'hôpital de Châteauroux du 16 mai au 26 juillet 1944 pour les lésions suivantes : fractures des deux calcanéums et lésions dentaires multiples. Il n'est pas encore consolidé à ce jour.

Châteauroux le 15 novembre 1944.

Cinq expéditions :

M. le colonel commandant la subdivision militaire de Châteauroux.

M. le préfet de l'Indre.

M. le procureur de la République

à Châteauroux.

M. le maire de Vatan.

Les archives.

Procès-verbal en date du 22 octobre 1944 n°286

de Coudière Paul, maréchal des logis-chef de gendarmerie à la résidence de Vatan, sur les atrocités commises par les policiers allemands à l'encontre de M. Sans à Reboursin.

M. Sans Emmanuel, 34 ans, menuisier demeurant à Reboursin (Indre), né à Bourges (Cher) le 17 mars 1910, de François et Marie Sadet, nous a déclaré :

« Depuis septembre 1943, j'appartenais au groupement de Résistance sédentaire A.S., secteur Nord-Indre, région de Vatan ; à ce titre, avec de nombreux camarades, je participais aux parachutages et service de renseignements. Jusqu'au 16 mai 1944, tout s'était très bien passé, nous n'avions eu aucun ennui et nous espérions ainsi mener notre activité jusqu'à l'arrivée des Alliés. Malheureusement, le 16 mai, j'ai été arrêté par les membres de la "Gestapo" de Châteauroux dans les circonstances ci-après.

Vers dix heures trente, je travaillais dans mon jardin, lorsqu'un Allemand que je n'avais pas entendu arriver m'interpella : "Kom, kom ! " [sic]. Surpris, je me suis retourné, mais déjà, j'étais en joue et d'autres agents de la Gestapo perquisitionnaient dans ma maison d'habitation et les dépendances.

Arrivé près de l'Allemand, brusquemment, il me demanda : "Où est le dépôt d'armes ?" Sans me départir de mon sang-froid, je lui répondis que je ne comprenais rien à ce qu'il me demandait. À peine avais-je terminé ma réponse que je recevais de la part de cette brute un violent coup de poing à la figure. Quelques secondes plus tard, trois autres agents sont venus vers moi me posant à tour de rôle la même question et me frappant également à tour de rôle. S'étant aperçus que les enfants des écoles voyaient la scène, brutalement, ils m'ont emmené dans un petit local situé derrière ma maison d'habitation. Dans ce local, les mêmes questions me furent posées et les mêmes réponses furent faites. Voyant que les coups de poing portés à la figure ne donnaient pas le résultat qu'ils avaient espéré, l'un d'entre eux, Alsacien je crois, nommé Schmidt, m'a fait mettre face au mur, le tronc légèrement incliné en avant et, avec un morceau de bois de trois centimètres de diamètre pris dans un tas de fagots, il m'en asséna de nombreux coups sur toute la région dorsale. N'obtenant toujours aucun résultat sur l'endroit où se trouvait le dépôt d'armes, trois d'entre eux ont quitté le local et sont allés à la maison.

Resté seul avec Schmidt, conservant tout mon sang-froid, j'ai immédiatement bondi sur lui dans l'intention de le désarmer. J'ai réussi à mettre la main sur le pistolet qu'il tenait dans la main droite mais il m'a fait lâcher prise par une forte traction (je n'avais pu saisir que le canon mais lui tenait toujours la poignée). Aussitôt, il a fait usage de son arme, un peu au hasard, car il ne s'attendait pas à mon geste, mais j'ai néanmoins été touché à l'articulation du genou et à l'aîne gauche. Blessé, j'ai dû m'incliner. J'étais assis lorsque les autres Allemands sont revenus vers moi, me posant toujours la question : "Où est le dépôt d'armes ?" Devant mon silence, l'un d'eux, l'Alsacien Sutter, à deux pieds, monta sur ma jambe blessée qui était déjà ankylosée.

De là, ils m'ont passé les menottes aux poignets et m'ont conduit à leur voiture qui se trouvait au pignon de ma maison. Ils m'ont placé à l'intérieur du véhicule et se sont livrés à la recherche du dépôt qu'ils croyaient chez moi. Me voyant seul, j'ai quitté précipitamment la voiture dans l'intention de gagner un petit bois à proximité, mais, après une course de trente mètres, mes blessures m'obligèrent à me coucher et je fus repris par Schmidt qui me releva par le cuir chevelu et me replaça dans la voiture avec les menottes aux pieds.

De là, je fus conduit au siège de la Gestapo, 35 rue de Mousseaux à Châteauroux. Arrivés, ils m'allongèrent sur le dos sur le ciment du garage et à tour de rôle, ils me frappèrent à grands coups de pied dans les côtes. Epuisé et sur le point de m'évanouir, je dus avouer où se trouvait le dépôt. Aussitôt, je fus placé sur une civière puis dans une voiture d'ambulance et nous reprîmes la direction de Vatan, pour arriver à l'emplacement où se trouvaient les armes (9).

Après la récupération des armes, je fus emmené à Châteauroux et placé à l'hôpital comme "individu dangereux" dans un cabanon peu aéré et peu éclairé dans lequel, pendant quatre jours, j'endurai de grandes souffrances physiques et morales. Plusieurs fois par la suite, je fus questionné, pour donner les noms de mes camarades mais j'affirmai toujours ne pas les connaître. Aucune torture ne me fut plus infligée.

Le 26 juillet 1944, je fus délivré par mes camarades Perrault, dit "Comte", actuellement commandant à Châteauroux, le capitaine "Julien" Mauduit, Ballereau Raymond, Lapouméroulie Roger, Vilpoux Bernard et un autre que je ne connaissais pas. Aussitôt, je fus caché dans une ferme pendant un mois puis dans un château près de Levroux et après la libération du département, je revins chez moi.

Je suis dans l'impossibilité absolue de travailler, les docteurs Chauveau de Châteauroux et Maggy de Graçay me prodiguent leurs soins. Atteint de deux mauvaises fractures fémorales, aucun de ces praticiens ne peut présentement se prononcer sur l'époque même approximative de ma guérison complète.

Actuellement, je ne peux me déplacer sans l'aide de béquilles.

À la suite des coups reçus, trois semaines après mon admission à l'hôpital, une phlébite se déclara dans ma jambe blessée, puis un caillot de sang se porta aux poumons. De temps en temps, le même effet se reproduit ce qui me fait terriblement souffrir.

Je vous remettrai les certificats médicaux concernant mes blessures dès qu'ils m'auront été délivrés par les médecins traitants.

Au cours de la perquisition effectuée à mon domicile lors de mon arrestation, les agents de la Gestapo saisirent cinq carabines de tir calibre 6 mm, comprises comme armes de salon, me causant ainsi un préjudice de 10 à 15 000 francs. »

Nombreux étaient les témoins de l'arrestation de M. Sans. Il est de notoriété publique que cet homme fut martyrisé par les agents de la Gestapo accompagnés des deux Alsaciens Schmidt et Sutter.

M. Sans est actuellement dans l'impossibilité de se mouvoir sans béquilles.

Docteur Chauveau

Je soussigné certifie que Sans Emmanuel reçoit mes soins depuis le 16 mai 1944 pour une plaie avec fracture articulaire du genou gauche. Il présente une très importante raideur du genou rendant la marche encore impossible. Le 27/10/1944.

Docteur Maggi

Je soussigné docteur en médecine déclare donner mes soins à Sans Emmanuel demeurant à Reboursin pour séquelles de blessures par balles au genou gauche et à la cuisse gauche compliquées d'un [?] pulmonaire droit.

Actuellement incapacité totale 100 % pendant six mois.

Cinq expéditions :

M. le colonel commandant la 12e région militaire à Limoges.

M. le préfet de l'Indre.

M. le procureur de la République

à Châteauroux.

M. le maire de Vatan.

Les archives.

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DOCUMENT II

Les exactions allemandes dans la région de La Châtre pendant l'été 1944

(source : Archives Nationales, F 41 - 394)
Le 5 mars 1945, le sous-préfet de La Châtre, Henri Cerclier, adresse au préfet de l'Indre un rapport sur les atrocités commises par la Wehrmacht dans son arrondissement durant l'été 1944. À partir du débarquement, la mobilisation de la résistance fut très importante dans la région castraise. Aussi des unités militaires allemandes effectuèrent plusieurs opérations de répression dans le Boischaud-Sud notamment entre la mi-juin et la mi-juillet 1944.

Sous-préfecture de La Châtre

La Châtre, le 5 mars 1945

Le sous-préfet de La Châtre

au préfet de l'Indre

Comme suite à votre demande du 8 janvier dernier, j'ai l'honneur de vous fournir ci-dessous, en ce qui concerne l'arrondissement de La Châtre, les renseignements qui vous sont réclamés par le service régional de l'Information en vue de la constitution d'un livre noir relatant les atrocités allemandes.

CANTON D'AIGURANDE

Commune de Saint-Denis-de-Jouhet
Le 19 juin 1944, une colonne allemande comprenant des autos-mitrailleuses, canons, voitures, radio et environ 300 soldats S.S. traversait vers 11 heures le bourg de Saint-Denis-de-Jouhet, se dirigeant vers La Châtre en battant les bois se trouvant sur son passage.

Une voiture automobile transportant deux F.F.I blessés au combat de Jeu-les-Bois (Auroy Jean et Traversat Jean), évacués de l'hôpital de La Châtre pour être dirigés sur une maison de repos, se trouva face à face avec la colonne au lieu-dit « Lusignan » à deux kilomètres du bourg. Les occupants de la voiture F.F.I. s'enfuirent abandonnant les deux blessés étendus sur des civières et incapables de marcher. Les corps de ces derniers furent retrouvés le soir même par des habitants de la commune, étendus dans une flaque de sang, de chaque côté du chemin. Ils avaient été tués par coups à la face et au crâne. M. Béguin, gendarme à Châteaumeillant (10), qui a vu tuer ses deux camarades serait susceptible de donner des renseignements complémentaires.

CANTON D'ÉGUZON

Commune de Gargilesse
Le 27 juillet dernier, une colonne d'environ 250 à 300 S.S. allemands, montés sur camions et autos-mitrailleuses, est arrivée simultanément vers 13 heures aux Minières, aux fermes de Château-Gaillard et de la Mothe et au village de Dampierre, avec l'intention avouée d'attaquer le maquis cantonné au Moulin Garat dans le ravin de la « Gargilesse » entre Dampierre et la Mothe. Avec ce maquis et gardés par les F.F.I. était cantonnée également une vingtaine de prisonniers allemands (11).

Aux Minières, après avoir demandé où se trouvaient le moulin et la ferme de Château-Gaillard, les S.S. emmenèrent un otage pour leur indiquer le chemin : le jeune Bruneau Camille, âgé de 22 ans, qui, par la suite, a été retrouvé mort mitraillé.

À la ferme de Château-Gaillard qui avait été cernée par surprise, les S.S. arrêtèrent tous les habitants et cinq F.F.I. dont quatre gradés qui déjeunaient. Les F.F.I. furent groupés avec un domestique de la ferme et le gendre du métayer, emmenés dans la cour au bord d'une mare remplie d'eau, alignés le dos à la fosse, les bras levés, mains croisées derrière la tête. Ce sont : Ferret Henri, Carré Jean-Louis, Mer Emile, Braud Sylvain, Louis Jean, Louis Marcel, Chauvin Albert. Par la suite, Thomas Roger habitant Dampierre, trouvé par les S.S. à proximité de la ferme, fut joint au groupe. Tous les huit furent dépouillés de tous leurs objets personnels (papiers, porte-monnaie, portefeuille).

Dans la soirée, ils furent confrontés avec les prisonniers allemands délivrés par les S.S. Les prisonniers étaient invités à désigner les habitants de la ferme soupçonnés d'avoir ravitailler le maquis.

Le soir, après avoir été interrogés par les Allemands, Chauvin Albert et Thomas Roger furent invités à s'éloigner. Les six autres furent mitraillés et, après leur mort, affreusement défigurés par leurs bourreaux.

En même temps, les S.S. mettaient le feu aux bâtiments d'habitation qu'ils avaient auparavant pillés et saccagés.

À la ferme de la Mothe, les Allemands emmenèrent le fermier Décheron Lucien, accusé par les prisonniers d'avoir porté des munitions au maquis du Moulin Garat. Son corps a été retrouvé le lendemain à un kilomètre de là, troué de plusieurs balles et couvert d'ecchymoses, les dents cassées, etc. Il avait été odieusement brutalisé avant d'être fusillé.

D'autre part, les S.S. qui occupaient Dampierre avaient requis un certain nombre d'habitants de ce village pour se rendre, avec des voitures, au Moulin Garat y ramasser les armes trouvées et les ramener jusqu'aux camions allemands sur lesquelles elles furent chargées.

Quelques-uns des hommes ainsi requis furent brutalisés sous prétexte qu'ils mettaient de la mauvaise volonté à exécuter la corvée qui leur était imposée.

Dans le courant de l'après-midi et dans la soirée, d'autres victimes étaient tombées fusillées ou mitraillées dans le ravin du moulin Garat. Ce sont les F.F.I. Bordat Pierre, Csali Vincent et Duris.

Prévenus à temps, les F.F.I. cantonnés dans le ravin avaient réussi à quitter le camp faisant ainsi échouer le but principal de l'expédition allemande : l'attaque du maquis du Moulin Garat.

CANTON DE LA CHATRE

Commune de Saint-Christophe-en-Boucherie
Le 21 août 1944, vers midi, une colonne d'environ 800 allemands (cyclistes, piétons, camions, fourragères), venant de Châteauroux par la route de La Poulinière, fut attaquée à un kilomètre du bourg par des maquisards en nombre très inférieur. Ces derniers durent se replier. Les Allemands, avançant vers le bourg, entrèrent alors dans une ferme (la famille Peronny). Le chien qui était à la cuisine fut abattu. Le personnel de la ferme qui s'était caché dans une étable sortit au bruit du coup de feu. Ces personnes au nombre de huit dont trois enfants de 2, 5 et 7 ans, furent alignés contre un mur et les Allemands les mirent en joue, puis les enfermèrent dans la maison, pendant qu'ils fouillaient la ferme de fond en comble. Leur visite terminée, les Allemands placèrent M. et Mme Peronny, M. Renault, leur gendre et le jeune Etave leur domestique, en tête du convoi. En passant dans le bourg, ils brisèrent la porte d'entrée de la maison de Mme Vve Blanchet, gérante de la cabine téléphonique et tirèrent des coups de feu dans cet immeuble. Continuant sa route, la colonne s'arrête devant l'habitation de M. Léon Emile (café-restaurant). Les Allemands pénétrèrent dans une pièce attenante occupée par M. Hug réfugié alors absent. Ils trouvèrent un drapeau français et une liste sur laquelle figuraient des jeunes gens de la Résistance. Le convoi emprunta alors la route de Vicq-Exemplet et les derniers Allemands lancèrent des grenades incendiaires dans la pièce de M. Hug. En quelques instants, toute la maison Léon fut en flammes. Les secours ne purent être organisés tout de suite, les Allemands étant restés sur place encore un long moment pour que personne ne puisse essayer de conjurer le sinistre. La famille Peronny fut emmenée jusqu'au Bois-Trévy à trois kilomètres de Saint-Christophe, puis relâchée après avoir été admonestée. A noter également le vol de deux chevaux ce même jour au préjudice de M. Peronny.

Commune de Vicq-Exemplet

Le 21 août 1944, vers 18 heures, une colonne de soldats allemands en retraite qui avait traversé une partie de la commune attaqua la ferme « La grande Alfare » où était cantonnée depuis un mois environ une section de F.F.I.

Après une demi-heure de combats, les Allemands pénétrèrent dans la maison d'habitation et lancèrent des grenades dans la pièce où se trouvaient la fermière Mme Moreau, son fils, sa belle-fille et une voisine : toutes ces personnes furent blessées. Ils emmenèrent le fils du fermier, M. Moreau Emile, qu'ils tuèrent après l'avoir roué de coups. Un autre civil fut également tué, M. Aurouet Jean qui était venu prévenir les F.F.I. de la présence des Allemands dans les environs.

CANTON DE NEUVY-SAINT-SEPULCHRE

Commune de Cluis
Le 29 juin 1944, une colonne allemande venue de La Châtre arrive à Cluis dans le but d'y arrêter six résistants dont les noms ont été fournis par une dénonciation. De multiples perquisitions sont opérées. Des vivres, des jumelles, du carburant, une automobile sont emmenés, des portes sont fracturées. Deux parmi les six hommes dénoncés, MM. René Lardeau et Robert Touzet, tous deux pères de trois enfants, sont arrêtés et conduits à La Châtre, puis à la prison de Moulins où ils seront détenus jusqu'au 22 août, date à laquelle ils seront relâchés par les Allemands s'apprêtant à quitter Moulins.

Le 18 juillet 1944, une importante colonne de représailles, formée d'Allemands et de miliciens, se rend à Cluis pour y attaquer la compagnie locale du lieutenant « Albert » (12). Les Allemands croient surprendre les maquisards dans les fermes des Feuillets. Heureusement, la compagnie a déménagé le 17 au soir à la suite d'une capture par les Allemands du barrage d'Éguzon d'une voiture du camp et d'un de ses occupants, Ardelet Pierre, 18 ans. Les Allemands, qui ont pris un agent de liaison, Creusillet André, 21 ans, cherchent à connaître la nouvelle résidence du maquis. L'un d'eux, M. Sylvain Charbonnier, a le maxillaire inférieur brisé par un coup. Cependant, ils n'obtiennent aucune indication. Furieux, les Allemands et les miliciens se livrent au pillage des fermes, emportant les vivres, les animaux, l'argent liquide, les bijoux, le linge, les ustensiles de cuisine et même des outils agricoles. Ils emmènent aussi, outre Ardelet ramené sur place, et Creusillet, le propriétaire d'une ferme, M. Sylvain Charbonnier, père de sept enfants, 65 ans, et le métayer d'une autre, M. Auguste Portier, 63 ans, père de deux enfants dont l'un est prisonnier. Ces quatre hommes ont été fusillés le soir même dans le Bois de Greuille, commune d'Ardentes. Leurs cadavres n'ont été retrouvés que le 28 novembre dernier. On peut se procurer chez M. H. Péron, photographe à Ardentes, des photos de ce tragique spectacle.

CANTON DE SAINTE-SEVERE

Commune de Sainte-Sévère
Le 16 juillet 1944, vers 15 heures, le jeune Boury Pierre, résident à Sainte-Sévère, membre des F.F.I., se rendait à son groupe après une permission passée dans sa famille. Il suivait tranquillement à bicyclette la route nationale La Châtre-Boussac, lorsqu'il croisa au lieu-dit le « Pont Tracat » une voiture allemande qui se dirigeait vers La Châtre. Sans arrêter la voiture, les Allemands tirèrent sur le jeune Boury qui, atteint de plusieurs balles, fut tué sur le coup ; un jeune camarade qui l'accompagnait échappa par miracle à la fusillade. Deux jours plus tard, le 18 juillet, les Allemands firent une seconde apparition. Alors que toute la population assistait aux obsèques du jeune martyr cité plus haut, plusieurs camions traversèrent la ville et s'arrêtèrent au cimetière. En une seconde, le cimetière fut cerné, puis, quelques instants plus tard, des coups de feu retentissaient. On apprit plus tard qu'un nommé Beddes Albert, originaire de Verneuil-sur-Igneraie qui rejoignait sa formation F.F.I., venait d'être tué, le malheureux avait tenté de prendre la fuite, mais, blessé une première fois aux jambes, il ne put se dissimuler à temps et fut lâchement assassiné d'une balle dans la tête.

Commune de Vijon

Le 16 juillet 1944, un combat avait lieu entre les F.F.I. et les Allemands à la limite des territoires de Vijon et de Perassay (13).

Le lendemain soir, les F.F.I. faisaient déposer dans une salle de la mairie de Vijon les corps de dix de leurs tués dans le combat de la veille.

L'inhumation devant avoir lieu le 18 juillet après-midi, une garde d'honneur de deux hommes F.F.I. Paul Allard et Duchet, veillaient les corps.

Le 18 juillet vers 14 heures, au moment où la population se disposait à rendre un dernier hommage aux héros morts pour la libération de la France, une colonne allemande arrive en automobile.

Le bourg est cerné, le maire doit comparaître devant le commandant et rester à ses ordres jusqu'à son départ.

Une trentaine d'habitants surpris par cette arrivée essayent d'échapper et de gagner les champs ; quelques rafales de mitraillettes tirées dans leur direction par les Allemands postés autour du pays, leur font comprendre l'inutilité de chercher à fuir. Ils reviennent aussitôt et sont amenés à la mairie par les Allemands qui les interrogent, contrôlent leurs pièces d'identité et en profitent pour prélever et s'approprier des billets de banque, permis de conduire, cartes d'identité, cartes de tabacS de quelques-uns des comparants.

Tous furent enfin libérés après attestation formelle par le maire qu'ils habitaient l'agglomération.

Pendant ces interrogatoires, deux maisons sont pillées. Celle du maire, M. Menuret Jean, celle des instituteurs, M. et Mme Aubard, et celle de l'institutrice adjointe, Mlle Pilliot.

Les deux F.F.I. qui veillaient les corps de leurs camarades ont été pris par les Allemands.

L'un d'eux Paul Allard est fusillé à la sortie du village, l'autre Duchet est emmené avec la colonne qui s'éloigne vers 15 h 30.

En dehors des actes révoltants relatés ci-dessus, il y a lieu de signaler les faits suivants :

À Aigurande, le 9 juin 1944, lors d'un passage de troupes, les Allemands ont arrêté et emmené avec eux Devoille Jules Marcel, né le 19 mai 1897 à La Vaibre (Haute-Saône), réfugié de Strasbourg.

À Crevant, une voiture automobile a été incendiée et une devanture défoncée.

À Perassay, au lieu-dit « Genest », une maison a été incendiée et le village pillé au cours d'un combat entre des S.S. cantonnés à Châteauroux et des F.F.I. du Groupe Indre-Est.

À Sazeray, une voiture allemande ayant défoncé le mur d'une maison appartenant à M. Chaumette, débitant au lieu-dit « Le Brolet », alors absent de son domicile, les occupants en profitèrent pour piller l'immeuble.

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DOCUMENT III
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15 août 1944 :

le massacre de Longeville
(source : Archives Nationales, F 41 - 394)
Le 17 février 1945, soit six mois après les faits, l'adjudant-chef Henri Richard transmet un rapport sur la mort de treize maquisards près de Villedieu-sur-Indre. Ce sous-officier appartenait au corps franc du maquis A.S. du secteur Châteauroux-Villedieu, c'est-à-dire à une unité différente de celle des victimes, membres des F.T.P. Ce texte sec et court donne un aperçu du déchaînement de la violence chez les militaires allemands mais aussi chez les miliciens et les doriotistes. Ces derniers participèrent à de nombreuses opérations de répression pendant l'été 1944.

Au début du mois d'août 1944, le maquis F.T.P. de Villedieu-sur-Indre avait capturé en pleine nuit les soldats allemands du poste d'écoute de Chambon (situé sur une butte entre Villedieu et Valençay). Sur les ordres du lieutenant Jouannin (alias « Gaby »), les prisonniers furent transférés au domaine de Longeville, sur le territoire de la commune de Villedieu. Une quinzaine de soldats ennemis et quelques collaborateurs sont alors détenus dans cette ferme qui sert de P.C. au maquis. Le 15 août, une colonne allemande accompagnée de miliciens et de gestapistes attaque le camp de Longeville en le prenant à revers. Six maquisards tombent dans le combat, sept autres blessés, sont achevés et brûlés.

Le 28 février 1946, un membre du maquis était condamné par la cour de justice à Bourges à trois ans de prison et à l'indignité nationale à vie.

En effet, le 14 août, à la suite d'une dispute avec son chef « Gaby », il avait quitté ses camarades mais avait été capturé et torturé par la Gestapo. Avait-il parlé et révélé l'emplacement du maquis ? Le doute subsiste car, quelques jours auparavant, un prisonnier allemand était parvenu à s'évader du camp et à rejoindre Châteauroux.

Rapport sur les atrocités commises le 15 août 1944 à Longeville, ferme des environs de Villedieu par les Allemands, les doriotistes et les miliciens.

Lors de l'attaque de la ferme de Longeville, le 15 août 1944 à 16 h 30, les atrocités suivantes furent commises sur les hommes gardant les prisonniers civils et allemands du camp formé dans ce lieu.

Sept hommes maquisards furent dans l'obligation de se rendre aux assaillants faute de munitions ayant déchargé leurs armes et se trouvant encerclés.

Le jeune Grole, tireur à la mitrailleuse jumelée, fut arraché de son trou car il n'avait plus une balle à tirer. Il fut frappé et traîné plus loin où il eut les pires atrocités. Pour emmener cet homme à l'endroit de son exécution, ils durent le traîner telle une loque car il portait les traces de deux coups de baïonnette dans la face.

Delage et Baud furent pris et fusillés. Relevés, ils étaient criblés de balles.

Blanchet fut fusillé dans les mêmes conditions après avoir été frappé sauvagement. Ses bottes lui furent retirées.

Grosset a subi le sort de son collègue et a été réduit par les coups à l'état méconnaissable.

Baradeau martyrisé eut un bras cassé, la face sauvagement tuméfiée, et avait les yeux crevés à l'arme blanche.

Chaînon, après une défense acharnée, blessé sur son fusil-mitrailleur, à bout de munitions, ne pouvant pas se sauver ni être relevé par ses collègues, fut achevé d'une balle dans la nuque.

Blaud fusillé après avoir été martyrisé tel ses camarades.

Camus achevé sur le terrain suite à ses blessures.

Coulon achevé sur le terrain suite à ses blessures.

Tous ces hommes portaient les traces de la barbarie de ces messieurs à la solde de Darnand et de Doriot. Ces maquisards furent étendus sur le sol et fusillés à la mitraillette de dessus.

Furent tués en combat :

- Pelingre, adjudant ;

- Quinez, adjudant-chef ;

- Lépine, sergent-chef.

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Notes

(1) Le groupe de Vatan faisait partie de l'A.S. Après le débarquement, des hommes des environs prirent le maquis sous les ordres de Perrot dit « Conte » dont la formation fut intégrée dans le secteur Nord-Indre de l'A.S.

(2) Concernant Pierre Sutter, cf. note 43, p. 108.

(3) Concernant « Jacques » Trommenschlager, cf. note 36, p. 108.

(4) Concernant Schmidt, cf. note 44, p. 108.

(5) Lucien Bart, directeur d'agence bancaire, membre des M.U.R., président du comité de libération d'Issoudun en août 1944.

(6) Il s'agit d'un dépôt d'armes constitué à partir d'un parachutage réceptionné en mars 1944.

(7) Reboursin est une commune rurale située à trois kilomètres de Vatan.

(8) Concernant « Conte » et « Julien », cf. respectivement note 64, p. 110 et note 34, p. 108. Les autres résistants cités sont des maquisards de Vatan.

(9) Selon Maurice Nicault, les armes avaient été cachées à l'abattoir de Vatan.

(10) Ainsi que quatre de ses collègues de la brigade de Châteaumeillant, le gendarme Henri Béguin avait rejoint le Groupe Indre-Est (A.S.) dans les jours qui avaient suivi le débarquement. Le 19 juin 1944, présent dans la camionnette lors de l'assassinat de Traversat et d'Auroy, il parvint à convaincre les Allemands qu'il était prisonnier du maquis et fut relâché. Par la suite, il assure des tâches de police dans le G.I.E. À la fin de l'été, Robert Vollet lui confie la section police dans le secteur A.S. d'Issoudun. D'août à octobre 1944, il participe ainsi à l'épuration dans la région d'Issoudun sous le nom de lieutenant « Henry ».

(11) Ces soldats allemands avaient été faits prisonnier lors de l'attaque du train blindé à Argenton-sur-Creuse le 9 juin 1944.

(12) Concernant le lieutenant « Albert » Gouliard, cf. note 31, p. 122.

(13) Il s'agit du combat de Genest.

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© 2001, Alain Giévis