APPENDICE

Textes de la Résistance auparavant publiés et dont l'origine n'est pas précisée





a - «La voix de son maître ». Cartes postales rédigées par André Plateaux à Subtray, avril 1942,
impr. et ms (origine non précisée)
Source :
M. Nicault, M. Greslier, M. Ravat, L'Indre dans la Seconde Guerre Mondiale, 1er fascicule : Les années noires (1939 - 6 juin 1944), Châteauroux, 1981, dossier « La résistance naissante », doc. F, a, 1.
Ce document est à rapprocher de la carte postale n° 3 ci-dessus.


[Recto]

Un dessin manuscrit montre un pick-up à pavillon d'où jaillit le profil d'Hitler ; devant lui, un autre dessin manuscrit présente un chien avec la tête du maréchal Pétain attaché à une chaîne fixée à un pieux fiché en terre ; devant le chien, un os portant six étoiles évoque le bâton du maréchal (qui en avait en fait sept…) ; derrière lui, une maison dont l'entrée est surmontée d'une croix gammée.Une inscription manuscrite sert de légende : « La voix de son maître ».

[Verso]

Dans la partie « correspondance » est écrit une devise empriuntée à l'An II de la Révolution Française : « Vivre Libre ou mourir », avec en dessous le dessin d'une guillotine ; dans la partie « adresse» : « Maréchal PANTIN - Vichy ».





b - « La Riposte des Patriotes de l’Indre. Organe du Comité Départemental de la France Combattante », juillet 1943
(origine non précisée)
Source :
M. Nicault, M. Greslier, M. Ravat, L'Indre dans la Seconde Guerre Mondiale, 1er fascicule : Les années noires (1939 - 6 juin 1944), Châteauroux, 1981, dossier « L'Occupation totale », doc. G, b, 1.
Pour d'autres exemplaires de cette publication, voir ci-dessous Appendice « c » et ci-dessus n° 31.



S’UNIR JUILLET 1943

LUTTER
VAINCRE

LA RIPOSTE
des PATRIOTES DE L’INDRE
Organe du Comité Départemental de la “FRANCE COMBATTANTE”

BERRICHONS !

Parce qu'ils étaient les ennemis de la République et par conséquent de notre peuple, des mauvais Français sont devenus traîtres à la Patrie.
Après avoir tout fait pour rendre la guerre inévitable, ils ont soigneusement organisé la défaite de nos armées.
Depuis plus de 3 ans, ils se vautrent aux pieds de l'envahisseur. Depuis plus de 3 ans, ils exécutent servilement ses ordres lorsque même ils ne vont pas au devant de ses désirs.
Depuis plus de 3 ans, ils font régner dans le pays, sous la protection des armes d'Hitler, un régime de pillage, d'emprisonnement et de meurtre.
Mais aussi, depuis le début de leur besogne infâme, d'autre Français, des vrais, des patriotes, luttent courageusement contre l'envahisseur et ses laquais.
Les meilleurs d'entre eux sont tombés sous leurs coups, mais c'est par centaines de mille que se lèvent aujourd'hui d'autres hommes pour les venger et suivre leur exemple.
Sans distinction d'opinions politiques, philosophiques ou religieuses, ils opposent la plus opiniâtre résistance à toutes les mesures dictées par l'ennemi.
Parce qu'ils sont Français d'abord, et qu'ils veulent la Liberté et l'Indépendance de la Patrie, ils ont associé leurs soucis, leurs espérances et leurs moyens.
Grâce à cette union des volontés et des forces, il existe aujourd'hui dans notre Berry, l'instrument de lutte indispensable pour en chasser l'occupant et ses larbins : c'est le « COMITÉ DÉPARTEMENTAL DE LA FRANCE COMBATTANTE ».
Composé d'hommes de toutes conditions sociales, fermes, résolus, il vit en état d'alerte permanent.
Il sera votre guide en toutes circonstances et par l'organe de ce modeste journal, il vous fera connaître ses mots d'ordres essentiels.

Suivez-les ponctuellement, car ils doivent nous conduire, par la victoire certaine et rapide sur les ennemis, à la rénovation totale du Pays.

VIVE LA FRANCE !





c - « La Riposte des Patriotes de l’Indre », octobre 1943 (origine non précisée)
Source :
M. Jouanneau, Mémoire d'une époque. Indre, 1940 - 1944. Histoire de l'Occupation et de la Libération. Tome 1 : Juin 1940 - Juin 1944, Châteauroux, 1995, p. 199-201.
Pour d'autres exemplaires de cette publication, voir le document précédent (Appendice « b ») et ci-dessus n° 31.


Précisions indispensables


L'existence du Comité départemental de la « France Combattante », l'action qu'il a développée jusqu'ici devaient nécessairement rencontrer l'hostilité des ennemis de la Patrie qui s'emploient par les moyens les plus divers, les plus inavouables à contrecarrer son influence.
Loin d'en être affectés, nous trouvons dans cette attitude un motif nouveau pour redoubler d'efforts et rendre notre besogne plus efficace. Convaincus que le sort de la France intéresse d'abord les Français, doit être leur œuvre, notre principal souci a été de les voir comme nous le sommes nous-mêmes.
À cet effet, nous avons, dès le premier numéro de « La Riposte » écrit, à tous les patriotes leur devoir le plus pressant et toujours à actualité ; créer dans chaque localité, dans chaque usine ou entreprise, un comité populaire qui sera l'organisateur de la résistance et de la lutte contre l'ennemi et le traître.
Notre appel cependant à un besoin immédiat a été largement entendu et fort bien compris. Aujourd'hui nous sommes heureux d'annoncer que de très nombreux comités ont vu le jour dans notre département et se préparent dans une enthousiaste confiance au geste libérateur.
Mais à ces amis, toujours plus nombreux, aux niveaux politiques divers, de conditions sociales différentes mais ayant au cœur un même amour de la Patrie, de sa liberté et de son indépendance, nous avons à dire ce qui pour nous est d'importance capitale, il faut d'abord et surtout compter sur nous-mêmes, sur notre activité, pour que la France ait un destin conforme à ses espérances. Attendre d'un messie quelconque notre délivrance serait une indignité de notre part et nous nous exposerions, au surplus, à d'amères déceptions.
Certes, nous pouvons être aidés et nous le sommes puissamment par l'action militaire de ceux qui contraignent les boches à la retraite partout où ils sont. L'acte principal de la guerre a été et reste le front de l'Est. L'armée allemande toute entière y reçoit la correction que nous souhaitons tous. Avec un admirable courage et une farouche résolution, l'Armée Rouge chasse de l'Union Soviétique l'ennemi exécré. Son attaque est telle que Hitler considère comme une victoire d'échapper à son étreinte.
Les patriotes yougoslaves avec une ardente foi patriotique, sans arrêt depuis le début de la guerre, harcèlent l'ennemi auquel ils ont refusé l'armistice qu'il sollicitait. Profitant des circonstances actuelles, ils occupent 300 kilomètres de côtes dalmates et menacent le port italien de Fiume. Avec les soldats italiens qui se joignent à eux ils constituent un précieux appui pour les troupes anglo-américaines opérant en Italie et dont la capacité offensive est renforcée par la flotte italienne rejoignant en Méditerranée les flottes alliées.
Et voici qu'enfin les patriotes français occupent Ajaccio et libèrent la Corse. Du même coup, sentant le danger, les divisions allemandes évacuent la Sardaigne permettant aux Alliés d'occuper l'île sans tirer un coup de fusil.
Telle est dans son ensemble la situation au moment où nous procédons à son examen.
Dès lors Français de France, qu'allons-nous faire ?
Allons-nous attendre comme beaucoup le font, depuis plus d'un an, un problématique débarquement sur les côtes françaises pour faire front à l'envahisseur ?
Allons-nous rester à l'écart de la lutte générale ? Laisserons-nous seuls nos inlassables francs-tireurs et partisans guerroyer contre l'ennemi ?
N'avons-nous pas la possibilité de nuire à Hitler et à ses soutiens ?
Ici, au Comité départemental de la « France Combattante » unanimes nous nous disons que ce serait un crime contre la Patrie que de vivre plus longtemps dans la passivité.
Les difficultés mêmes périlleuses de l'action sont encore préférables à l'équilibre de la servitude.
Il faut lutter.
Lutte de tous les instants et par tous les moyens. Lutte contre les déportations d'ouvriers français en Allemagne. À ce sujet, on nous informe que 1 500 ouvriers et ouvrières seront désignés (pour le département de l'Indre) pour aller faire fonctionner la machine de guerre allemande.
Il ne faut pas partir ; constituez vos groupes de réfractaires. Allez aux francs-tireurs et partisans.
C'est le traître Chasseigne qui annonce : « qu'il ne croyait pas les Français si malheureux en Allemagne ».
Pas un homme pour Hitler !
Vive la France !

Le Comité départemental de la « France Combattante ».





d - « ARTENTONNAIS ! ». Tract trouvé à Argenton-sur-Creuse le 11 novembre 1943 signé « Le Comité de la France Combattante » (origine non précisée)
Source :
M. Nicault, M. Greslier, M. Ravat, L'Indre dans la Seconde Guerre Mondiale, 1er fascicule : Les années noires (1939 - 6 juin 1944), Châteauroux, 1981, dossier « L'Occupation totale », doc. G, b, 2.
Ce document est à rapprocher du texte n° 30 ci-dessus (« Dernier anniversaire sous l’occupation des Boches »).


ARGENTONNAIS !

Aujourd'hui, 11 novembre 1943, à l'approche de la libération de notre pays, le Comité de Résistance Français fait appel à tous pour qu'ils cessent le travail, sur place, entre 11 heures et midi, et la soirée, en allant fleurir le Monument aux Morts de la guerre 14 - 18. Ils montreront ainsi leur volonté de lutte contre l'envahisseur.
L'Allemagne hitlérienne, après avoir plongé l'Europe dans les horreurs de la guerre, est maintenant au bord de l'abîme. Les coups que lui portent l'Union Soviétique, l'Angleterre, les États-Unis et les patriotes de tous les pays opprimés, hâtent inéluctablement l'heure de sa défaite.
En ce jour anniversaire du 11 novembre 1918, affirmons que tant de sang n'a pas coulé en vain, que nous n'acceptons pas la tyrannie hitléro-vychissoise, que le peuple français, comme toujours, est au premier rang de combattants de la liberté.
11 NOVEMBRE 1943, manifestez dans le souvenir de nos morts et dans l'espoir de la fin prochaine ! Arrêtez le travail ! Fleurissez le Monument aux Morts !

Le Comité de la France Combattante.





e - « Aux métallos de l'Indre ». Tract signé de la « Section Métaux du P.C.F. », janvier 1944 (origine non précisée)
Source : M. Jouanneau, Mémoire d'une époque. Indre, 1940 - 1944. Histoire de l'Occupation et de la Libération. Tome 1 : Juin 1940 - Juin 1944, Châteauroux, 1995, p. 201-202.


AUX MÉTALLOS DE L'INDRE


L'année 1944 est commencée, la lutte contre l'hitlérisme continue, as-tu fait ton examen de conscience pour dire : ai-je fait tout ce qu'il faut pour apporter mon aide pour l'abattre ? As-tu réfléchi que rien ne sert de récriminer, qu'il vaut mieux agir ?
L'Armée Rouge, qui avance sans cesse qui extermine les Panzer-divisions, qui se dépense sans compter pour donner au monde la Liberté ; avec ses Alliés (nos Alliés), elle continue sa tâche (sa noble tâche) pour que soit ouvert le deuxième front. Tu attends ce jour, mais il faut faire quelque chose pour qu'il vienne.
Je sais que tu es prêt pour agir, que tu te battras comme un lion, mais aujourd'hui même, n'aies plus peur, n'hésites pas, viens avec nous, adhère au Parti Communiste Français.
Les francs-tireurs-partisans français, ont besoin d'aide et de soutien, mais il faut aussi que nous soyons, nous aussi, entraînés à cette lutte ; pour riposter aux tueurs de Darnand. Viens avec nous pour lutter chaque jour, chaque heure, contre les boches et leurs valets vichyssois.
Je sais que tu n'es pas satisfait, de ne pas voir de communistes au gouvernement d'Alger, et tu te demandes pourquoi ? Sache qu'il y a encore des forces occultes qui essayent d'imposer leur volonté.
Je sais aussi que tu te demandes, comment Pucheu et sa clique n'est pas encore jugé, qu'on traîne en longueur sur leurs responsabilités d'avoir collaboré avec l'ennemi ; ce Pucheu qui a livré les martyrs de Châteaubriand dont était notre cher camarade « Timbault ».
C'est ton devoir de donner sans attendre ton adhésion au vaillant Parti Communiste Français, qui étant dans l'illégalité est plus fort que jamais, et se trouve toujours en tête des organisations de résistance, pour lutter contre toutes les dictatures hitlériennes ou autres, pour refaire une vraie France républicaine, où la question de vie, de pain et de liberté ne sera pas une vaine parole.
« L'émancipation des travailleurs, sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes ».
N'hésite plus camarade, rentre dans les rangs du vaillant Parti Communiste Français, qui applique cette maxime et la fait sienne.
Viens au Parti de Maurice Thorez, Jacques Duclos, Benoît Frachon, dirigeants intègres et honnêtes.
Vive le Parti Communiste Français !

La Section Métaux du P.C.F.






f - « Appel au peuple de France ». Tract signé du « Front National de lutte pour l'indépendance de la France », juin 1944 (origine non précisée)
Source :
M. Jouanneau, Mémoire d'une époque. Indre, 1940 - 1944. Histoire de l'Occupation et de la Libération. Tome 1 : Juin 1940 - Juin 1944, Châteauroux, 1995, p. 203.
Ce document est à rapprocher du texte n° 34 (« Le Devoir des Français et la préparation de l'insurrection nationale »).


APPEL AU PEUPLE DE FRANCE


Tandis que les forces militaires alliées débarquent sur le sol de France et viennent combattre l'envahisseur, pour le peuple de France sonne l'heure de l'insurrection nationale qui selon l'expression du général de Gaulle, ne peut se séparer de la Libération nationale.
En ce moment où se joue le destin de la Patrie, les Français ont pour devoir :
1° de déclencher la grève générale dans tout le pays, de détruire les réseaux téléphoniques de l'ennemi, de paralyser les chemins de fer et de détruire les dépôts de carburant afin de créer à l'arrière de l'ennemi une situation d'insécurité, de couper ses liaisions et d'entraver le déplacement de ses forces militaires ;
2° de s'armer en s'emparant des dépôts d'armes et de munitions et de s'organiser en formations de combat pour exterminer l'ennemi et les traîtres à son service ;
3° de s'unir sans distinction d'opinions ou de croyance et de constituer dans chaque localité des Comités de patriotes qui prendront en mains la défense des intérêts de la population.
D'autres directives seront données au fur et à mesure que se dérouleront les événements.
Que chaque Français se lève pour combattre et l'envahisseur sera chassé du sol de la Patrie !
Vive les alliés de la France !
Vive la France !

Le Front National de lutte pour l'indépendance de la France