1942
9 - « Aux paysans berrichons ! ». Tract dactylographié et ronéontypé, Anonyme, juin 1942, dactyl. et ronéo. (A. D. Indre, 2 Z 2669)AUX PAYSANS BERRICHONS !
Le 7 juin, M. CAZIOT, ancien ministre de l’agriculture, chargé de l’organisation
de la corporation paysanne, viendra à Châteauroux pour y constituer l’union
régionale de l’Indre.
Certains d’entre vous savent ce qu’est l’organisme imposé.
Beaucoup l’ignorent encore ou se sont laissés tromper.
Nous qui savons notre devoir est de vous avertir.
Les réunions communales qui ont soi-disant pour but de nommer les syndics ne
sont que vastes mystifications. Ces syndics sont choisis par les dirigeants des corporations
paysannes qui sont vos pires ennemis.
Aucun d’eux n’interviendra pour vos revendications essentielles.
Au surplus, la réunion du 7 juin, est surtout privée, le banquet lui-même
à 50 frs, à l’Hôtel de France, n’est pas fait pour les vrais paysans
qui sont sales.
Le Gouvernement attend de la Corporation ce qu’il attend de la Légion.
C’est une arme comme il l’a si bien dit, mais elle est en réalité dirigée
contre vous. PRENEZ GARDE !
Le but recherché est de vous avoir bien en mains, de tout avoir, de tout contrôler,
de faire de vous de véritables machines à prendre sans le droit de vous
plaindre.
Dans l’Indre, le délégué de la Corporation, en même temps que
gros propriétaire terrien, est un gros industriel multimillionnaire marchand
de chaux à St Gaultier ; celui-là, le sort des paysans lui [importe peu],
il est assisté d’un gentleman originaire de la Marne, fort heureux d’avoir pu
se créer une situation à la faveur des événements.
Voilà ceux qui ont la charge de défendre les paysans, voilà la Corporation.
PAYSANS BERRICHONS !
HITLER, par son CAZIOT, GOYON et ses syndics vous feront une
abondante distribution de pommade. Vous l’accepterez selon votre tempérament.
Soyez nombreux à Châteauroux, mais surtout n’oubliez pas de faire savoir
aux polichinelles qui seront devant vous que vous n’êtes pas disposés à
les suivre sur le chemin de la Corporation, qui est celui de l’esclavage.
Aux invites qui vous seront faites, vous répondrez haut et fort :
DU TRAVAIL, OUI, ça ne nous change pas.
MAIS NOUS VOULONS AUSSI :
De plus grandes rations de vin et de pain de bonne qualité, des engrais, des
semences de toutes sortes et en quantité suffisante.
Qu’on ne touche plus au cheptel indispensable, que notre matériel agricole puisse
être réparé. Des bons spéciaux de vêtements et de chaussures.
Le retour à la terre du grand nombre de prisonniers que les boches utilisent
pour leur machine de guerre, deux ans encore après l’armistice.
Nous voulons enfin, que nos produits soient exclusivement réservés aux
Français et que les répartitions soient effectuées par des Comités
Populaires composés à tous les échelons, de vrais paysans, d’ouvriers
et de ménagères.
Et pour résumer votre pensée, vous direz à Monsieur CAZIOT :
RIEN POUR HITLER ! TOUT POUR UNE FRANCE LIBRE ET INDEPENDANTE !