1942

15 - « Berrichons ! ». Tract manuscrit et ronéotypé signé « Double-Cinq », juillet 1942, ms. et ronéo. (A. D. Indre, M 2745 - 1)
« Le 26 juillet 1942, deux exemplaires d’un tract de propagande antinationale ont été découverts, glissés sous les portes de deux maisons d’habitation, situées avenue de la Gare, à La Châtre.
Les exemplaires ont été remis à la gendarmerie par Monsieur X., employé à la Caisse d’épargne de La Châtre et par Madame Y. ; tous deux occupent les maisons où ils ont été découverts. Ils ont été déposés entre 22 h 30 le 25 et 7 heures le 26.
Ce tract a été écrit à la main et tiré à la polycopie sur papier blanc ordinaire, format 27/17.
Il a la même origine que ceux découverts à La Châtre en avril, mai et juillet 1942 (rapports n° 30/4-46/4-56/4- et 93/4 des 19-4, 2-5, 18-5 et 20-7 1942).
Le tract est intitulé “Berrichons”. Il constitue la profession de foi “d’un comité de résistance existant dans toutes les sous-préfectures de France et qui agit en liaison avec celui de Londres”.
Ce Comité se défend d’être communiste ou franc-maçon. Il indique n’être pas financé par des ex-magnats juifs, ne vouloir ni du marxisme, ni du nazisme et être sans parti.
Il vise le Maréchal de France Chef de l’Etat et donne le but qu’il se propose d’atteindre.
“Ralliement des tous les bons Français en leur faisant comprendre que nous ne sommes pas vaincus”.
Il se termine par “Que vive la France” et est signé “Double-Cinq” » (rapport du lieutenant commandant la section de gendarmerie de La Châtre « sur la découverte de tracts de propagande antinationale à La Châtre », 27 juillet 1942).

Berrichons !


Vous avez maintenant dans votre ville, comme dans toutes les sous-préfectures de France, un comité de résistance nationale. Il s’est constitué en liaison avec celui de Londres. Il est formé de bons patriotes français qui ont juré de lutter jusqu’au bout pour affranchir notre territoire des hordes germaniques.
Nous ne sommes ni communistes, ni francs-maçons. Nous ne sommes pas financés par des ex-magnats juifs comme ose le prétendre ce vendu de Gaubert. Nous prenons sur notre salaire journalier l’argent nécessaire à nos dépenses. Nous avons fait un sacrifice et ce sacrifice nous le consentirons jusqu’au bout, car nous voulons la victoire. La victoire finale des Alliés, pour que notre pays ne voie plus ces vendus qui nous trahissent, ces doryphores qui nous sucent et fusillent chaque jour les plus français de nos enfants.
Nous ne voulons pas plus du marxisme que du nazisme : nous sommes sans parti, car toute doctrine s’efface devant l’intérêt supérieur de la Patrie - Apprends le Pétain ! Nous désirons et nous contribuerons à l’écrasement des Boches, car ils veulent dépouiller notre France. Nous prendrons part à l’anéantissement de la puissance jaune qui veut détruire la race blanche et la chasser de l’Orient d’abord, du monde ensuite.

Nous nous proposons :
de rallier à notre drapeau, à notre cocarde bleu-blanc-rouge, et à notre groupement de résistance tous les bons Français en leur faisant comprendre que nous ne sommes pas vaincus, qu’il existe toujours dans l’âme du peuple français une flamme sacrée qui est l’Amour de sa Patrie.

Nous savons que nous serons ardemment combattu peut-être condamnés et emprisonnés pour atteinte à la sûreté de “l’État français”, mais nous sommes sûrs que cette flamme que nous avons allumée grandira gagnera chaque ville, chaque village de France, jusqu’au jour où toutes, elles se réuniront pour former un immense brasier qui anéantira tous nos ennemis et leurs complices.

On essaiera de nous frapper par derrière, mais n’ayez crainte, messieurs les vendus, vous en toucherez un et mille autres se dresseront pour vous châtier et porter encore plus haut notre flamme de délivrance.

Que vive la France !

“Double-Cinq”