1942
16 - « Français ! ». Tract manuscrit et ronéotypé signé
« Le patriote Double-Cinq », sans date [fin 1942], ms. et ronéo.
(A. D. Indre, M 2746)
Ce tract, encore signé par Double-Cinq (voir le précédent n°
15), peut être daté de la fin de l'année 1942 du fait de l'allusion
au fait d'aller travailler en Allemagne (« nous ne voulons pas et nous n'irons
pas en Allemagne ! ») ; c'est en effet le 4 septembre 1942 que fut adoptée
par le gouvernement de Vichy, par suite de l'échec de la « Relève
» et sous la pression allemande, la loi instaurant le Service National du Travail
pour tous les Français de 18 à 50 ans et les Françaises de 21 à
35 ans. L'auteur s'en prend à Ernest Gaubert, directeur du journal Le Département,
ainsi qu'au délégué départemental à la propagande sociale
du Maréchal Pétain (voir ci-dessus n° 11).
Le texte est parfois difficile à déchiffrer du fait de la mauvaise qualité
de l'encrage ; les mots illisibles ont été restitués avec une quasi
certitude.
Français
[C'est] le Boche qui nous pille, parfaitement crapule de Gaubert, il n'y a [qu'à
consu]lter Sept Jours de cette semaine, vous y verrez un article sur l'Espagne. Nous
y remarquons que malgré le blocus anglais, pourtant serré d'après
Nénesse, le super apache de Châteauroux, les Espagnols jouissent d'une
frugale abondance et qu'il faut 250 francs de notre monnaie pour acheter un poulet
gros comme un pigeon. L'Espagne n'avait pas que je sache la réputation d'être
un si riche pays producteur, pour surpasser la production française. Donc qui
est-ce qui vient nous voler, nous piller, nous rançonner ?
Ç'est le Boche !
Il a déprécié notre monnaie, voler notre bétail, nos semences,
nos habits, il veut maintenant faire mourir pour lui nos enfants et nous emmener
en esclavage. Non nous ne voulons pas et nous n'irons pas en Allemagne ! Que ceux
qui sont si férus de germanisme ou de collaboration partent d'abord : il ne
suffit pas de parler il faut donner l'exemple, messieurs les vendus !
C. et ceux sont qui sont si fiers de trôner sur la scène à ses côtés
devraient aller se faire tanner la peau chez leurs copains, les nazis, c'est la meilleure
façon de les secourir au lieu d'essayer de « déconner devant le populo
». Il est vrai que là-bas ils gagneraient bien moins cher. Nous publierons
prochainement leur traitement. Vous verrez alors que ce n'est pas seulement 350 millions
que nous dépensons par jour mais que c'est avec notre épargne, notre argent
que notre gouvernement de vendus se goberge, et paye ses accolytes. À titre
de renseignement le sieur C. touche 3 000 francs par conférence.
Jugez et appréciez !
On en a marre de toutes les cochonneries de ces crapules ; vivement qu'on les voyent
se balancer au bout d'une corde. Il n'y en a plus pour longtemps ; ce sera [bientôt]
l'heure a dit le général De Gaulle.
Prenez patience, Français ! Ils sont marqués et vous pourrez tous satisfaire
à leurs frais, votre juste et équitable vengeance.
Le patriote français "Double-Cinq"