1943
23 - Un exemple de contre-propagande : Combat, Janvier-Février 1943, 3 pages , dactyl. et ronéo. (M 2746)“COMBAT” Janvier - Février 1943
AVIS - La pénurie de papier et les difficultés d’impression rendent notre
action difficile. Chaque destinataire de ce bulletin doit le diffuser par tous les
moyens.
BILAN 1942 - Si l’année écoulée a été pour les armées
alliées une année mauvaise, elle n’en marque pas moins la fin d’une série
de revers qui ont eu leur origine au lendemain de la défaite française.
Leur apogée a été marquée par la perte de nos possessions du
Pacifique, par le repli de nos troupes jusqu’aux faubourgs d’Alexandrie et par l’arrivée
des troupes de l’Axe aux abords du Caucase. Mais le redressement a commencé.
L’occupation des possessions françaises d’Afrique, la retraite de Rommel, la
prise de Tripoli, l’impuissance japonaise et enfin les offensives russes maquent
le point de départ de notre redressement.
Voici les déclarations faites à la Chambre des Communes, par le Ministre
de la Production : “Pour la première fois nous pouvons être optimistes.
Cela ne veut pas dire que la guerre sera finie demain. Non ! Elle sera longue et
dure mais déjà l’ennemi semble marquer de la lassitude. L’essentiel pour
nous est que la Russie puisse tenir jusqu’au début de l’hiver prochain, car
nous serons alors à même de lui apporter une aide vraiment efficace. Celle-ci
est subordonnée à la production du tonnage. Nous avons connu des mois sinistres.
Mais, dans ce domaine aussi, les perspectives sont meilleures. Dès juillet prochain
nous serons en état de faire face aux pertes subies et même de remonter
le courant. Il faut calmer les impatiences, car nous avons plusieurs fronts à
alimenter et lorsqu’on parle d’en ouvrir un sur le continent, cela signifie des milliers
de tanks et des milliers d’avions.
Si le danger réside dans l’arme sous-marine, nous ne devons pas oublier que
les flottes de surface allemande et italienne qui se sont toujours dérobées
sont très puissantes. Ignorant dans quelles mesures elles se sont renforcées,
cela nous oblige à être circonspects, car le jeu de l’ennemi en matière
navale, semble être d’attendre l’effritement et la dispersion de nos forces
pour porter ses coups. Mais là aussi nous veillons. Dès 1944 les vaisseaux
de ligne perdus au cours de 1942 seront remplacés. Notre flotte alors sera à
nouveau très puissante, et pourra faire face à toutes éventualités".
LA CHARTE DE L’ATLANTIQUE. - L’élaboration de la Charte de l’Atlantique
au cours de la rencontre Roosevelt-Churchill, n’a eu d’autre but que l’étude
des moyens pour mener la guerre jusqu’à notre victoire finale, et surtout jeter
les bases de l’ordre futur.
La grande innovation en matière de reconstruction européenne, est certainement
la création d’un État corse qui comprendra en plus de cette dernière,
la Sardaigne, la Sicile, et l’Italie du Sud. En raison de la situation de ces divers
territoires, le nouvel état sera appelé à jouer un rôle stratégique
important en Méditerranée. La Souveraineté en a été offerte
à un Prince Royal anglais. En contrepartie de la perte de la Corse, la France
recevra les territoires du désert lybien cédés à l’Italie en
1931.
LA POLICE DU CONTINENT. - Un des graves problèmes est le maintien
de l’ordre en Europe après la guerre. La Charte de l’Atlantique prévoit
un réseau d’occupation qui sera établi sur toute l’Europe Centrale et confié
aux troupes soviétiques. Cette occupation s’étendra à l’Allemagne,
à l’Autriche, la Hongrie, la Roumanie, la Yougoslavie, les Pays-Bas et l’Italie
du Nord ; elle est prévue pour une durée de 15 années, mais en aucun
cas les effectifs d’occupation ne devront excéder deux millions d’hommes. En
contrepartie de cette occupation, l’Angleterre qui veut être à même
de pouvoir intervenir sur le continent, s’est réservée une puissante tête
de pont qui comprend un rectangle ayant pour base Calais en France et Ostende en
Belgique et englobe les départements français du Nord à l’intérieur
d’un dispositif qui sera puissamment fortifié. Complément à l’État
méditerranéen, cette tête de pont permettra à l’Angleterre de
peser sur des décisions continentales. La sécurité française
se trouvera ainsi assurée.
AVANTAGES À LA FRANCE. - L’Angleterre à la demande du Général
de Gaulle accorde le retour à la France des Iles Normandes de Guernesey et de
Jersey. La convention signée récemment à Londres porte que les français
des deux départements du Nord, ou de la Corse qui désireraient conserver
leur nationalité française obtiendront des avantages dans une de ces deux
îles que les nationaux britanniques ne regagneront pas.
LA GRANDE AFRIQUE. - Le résultat de la Charte de l’Atlantique est celui
obtenu pour la mise en valeur tripartite du continent africain. Des négociations
menées récemment ont permis au Général de Gaulle en contre-partie
de l’Afrique Occidentale et de Madagascar d’obtenir l’immense territoire qui au sud
de la Lybie va joindre le Tchad ; deux fois grande comme la France, cette vaste région
peuplée de onze cents habitants possède un sous-sol qui, comme le Sahara,
est vraisemblablement très riche. La faible densité de sa population permettra
à de nombreux colons de s’y établir.
LE TRANSAHARIEN. - Les négociateurs français ont obtenu l’aide financière
américaine pour la construction du chemin de fer Méditerranée-Niger.
Le terminus méridional reste Tombouctou qui, devenant possession américaine,
intéresse ainsi directement l’Amérique à la rapide réalisation
de l’entreprise. Les deux villes terminus, Oran et Casablanca, auront un statut international
au même titre que Tanger.
Si on mesure les résultats obtenus par ce réseau de pourparlers diplomatiques,
on constate que la France reste une grande puissance, la cinquième sur le plan
mondial. Nous savons certes que Hitler aurait promis à Laval…… le retour !……
du continent africain à la France à qui il reconnaît des qualités
colonisatrices que l’Allemagne n’a pas, mais reste à savoir si cette convention
n’eut pas été un marché de dupes, et dans le doute disons avec le
vieux proverbe de chez nous : “Un tien vaut mieux que deux tu l’auras”.
LA PEUR DU COMMUNISME. - Certaines propagandes agitent le communisme comme
un épouvantail. Or, s’il présente des tares graves, il n’en est pas moins
constructeur. Si nous prenons par exemple la politique agricole de l’U.R.S.S. nous
ne pouvons que préconiser des méthodes ayant donné des résultats
tangibles et leur application à la France, pays agricole par excellence, serait
éminemment profitable.
L’expropriation des terres et leur exploitation au profit de l’État éliminerait
cette poussière de petits propriétaires et de petits paysans qui morcellent
notre sol.
Rassemblés en immense exploitation régionale sous la haute direction d’un
maître de production, on verrait leur rendement décupler. Quant aux propriétaires
et paysans expropriés, ils seraient attachés à l’exploitation régionale
au titre de journalier. Cette politique permettrait d’envisager l’amélioration
réelle de l’habitat rural, en créant de grandes cités où nos
familles paysannes au lieu d’être éparpillées se trouveraient groupées
dans de vastes immeubles en commun.
De plus le système commercial en vigueur en U.R.S.S. offre des avantages qui,
appliqués chez nous, seraient profitables à la communauté. La centralisation
en grandes coopératives commerciales d’État fera disparaître tous
ces commerçants inutiles qui vivent de la surenchère dont ils grèvent
les produits et qui en fait aggravent la vie chère.
Français patriote pour ne pas compromettre l’action de la France combattante
ne vous livrez à aucun acte inconsidéré. Il importe que l’occupant
vous croit docile. En attendant l’heure de la libération qui sonnera en 1944,
adhérez aux “Vrais Patriotes” formez des cellules. Notre programme refera une
France grande, débarrassée de ces paysans égoïstes par l’étatisation
des terres et surtout débarrassée de ces boutiquiers parasites qui en pratiquant
le troc de boutique à boutique affament le peuple.
Aidez-nous en faisant circuler cette brochure.