1943

30 - « Dernier anniversaire sous l’occupation des Boches ». Tract dactylographié et ronéotypé, signé « Les Mouvements Unis de Résistance », sans date [novembre 1943], dactyl. et ronéo. (A. D. Indre, M 2751)
En dépit de l’absence de procès-verbal de gendarmerie, le texte de ce tract (déjà publié par M. Jouanneau, Mémoire d'une époque. Indre, 1940 - 1944. Histoire de l'Occupation et de la Libération. Tome 1 : Juin 1940 - Juin 1944, Châteauroux, 1995, p. 197-198) peut être rapproché d’un rapport du capitaine commandant la section de gendarmerie d’Issoudun adressé au commandant de la Légion de gendarmerie du Berry (Issoudun, 6 novembre 1943) :
« Dans la matinée du 5 novembre 1943, il a été découvert épars dans les champs, sur le territoire des communes de Dun-le-Poëlier, Orville et Bagneux (Indre) 200 tracts d’origine anglo-américaine, “Les chiffres parlent”, ne portant ni date ni numéro et vraisemblablement lancés par avion dans la nuit du 4 au 5 novembre 1943.
Le même jour, la gendarmerie de Saint-Christophe a été avisée que deux exemplaires du journal communiste “L’Humanité”, Edition de l’Indre, où les travailleurs sont incités à organiser des manifestations patriotiques le 11 novembre, avaient été affichés dans la nuit du 3 au 4 novembre 1943, sur les panneaux de la mairie de Dun-le-Poëlier. Un autre exemplaire a été découvert sur la route de Dun-le-Poëlier à Chabris, au carrefour des “Billons”.
Il a été impossible de connaître les afficheurs et distributeurs. Une enquête est en cours » (Collection A.N.A.C.R. Indre ).
Ce document est à rapprocher de celui découvert à la même époque à Argenton présenté en Appendice (« d » ) intitulé « Argentonnais ! ».

DERNIER ANNIVERSAIRE sous l’occupation des BOCHES

Le 11 novembre 1943 à MIDI, tous les Français manifesteront


Depuis plus de trois ans, l’envahisseur nazi foule notre sol, pille nos biens, détruit nos libertés, déporte ou fusille les meilleurs d’entre nous. Tous les Français, unis dans l’amour de la patrie crucifiée, se dresseront ensemble le 11 novembre pour manifester leur volonté de contribuer à l’affranchissement national.
Par cette manifestation, ils honoreront à la fois les vainqueurs d’hier et le sacrifice de ceux qui sont morts pour la victoire de demain. Ils associeront à la piété du souvenir leur volonté de combat.
Des collectes pour les familles des victimes seront organisées partout.
Donnez largement : une journée de salaire par exemple, ou une heure pour ceux dont la situation est trop dure. Le produit de ces collectes sera remis aux familles des victimes que les Allemands et Vichy continuent à pourchasser en haine des disparus.
Toute la France prendra le deuil. Même s’il n’y a plus de tissu parce que les Allemands le prennent, vous saurez trouver dans un tiroir le morceau d’étoffe noire que vous porterez toute la journée, et qui témoignera aux yeux de vos compatriotes que votre pensée, comme la leur, va vers la tombe ignorée des héros.
Mais le plus grand hommage qu’il soit possible de rendre à ceux qui sont tombés, est de continuer leur tâche et de faire à leur place ce qu’ils auraient fait. C’est pourquoi le 11 novembre, plus encore que la fidélité du souvenir, doit manifester la continuité de l’action.
A l’anniversaire exact de l’armistice, à l’anniversaire exact du jour ignominieux où le maréchal von Runstedt porta à Pétain dans son bureau la notification de l’occupation totale de la France, c’est-à-dire : le 11 novembre à 11 heures, tous les Français, toutes les Françaises manifesteront sur le lieu du travail, jusqu’à midi, par la cession partielle ou totale du travail.
A midi, tous les Français et toutes les Françaises se rendront aux monuments aux Morts.
La France, par ces manifestations, proclamera face à l’envahisseur et à ses complices, sa volonté inébranlable de n’être pas le bénéficiaire inerte d’une libération accomplie par les Alliés, mais d’apporter sa contribution dans la guerre, tout de suite, toujours, jusqu’à la Victoire.

LES MOUVEMENTS UNIS DE RESISTANCE