1943

22 - « Monsieur le Maire, Messieurs les Conseillers Municipaux ». Tract dactylographié et ronéotypé signé « Le Comité départemental du Front National », janvier 1943, dactyl. et ronéo. (A. D. Indre, M 2746)
Ce tract a été adressé de Loches au maire d’Orbigny le 23 janvier 1943, ainsi qu’au maire de Genillé en Indre-et-Loire (lettre du chef de bureau, délégué à Loches, au Cabinet du préfet de l’Indre, 27 janvier 1943, dans laquelle il souligne que « d’ici quelques jours, il serait intéressant de savoir si tous les Maires ont été touchés par ce tract » et où il demande s’il doit charger la gendarmerie « d’enquêter discrètement à ce sujet »).

Monsieur le Maire,
Messieurs les Conseillers Municipaux,

Notre pays est aujourd’hui à une heure particulièrement grave de son histoire.

Un complot de traîtres, dont le pays ouvrira bientôt le procès, a livré notre nation à l’oppression étrangère.

A MUNICH, ces traîtres ont livré la Tchéco-Slovaquie, ils ont isolé la France de notre puissante alliée naturelle, la grande Union Soviétique, qui défait aujourd’hui les armées allemandes. Ils ont divisé notre pays.

Aujourd’hui, les traîtres ont jeté le masque. Leur chef, le chef de la 5ème colonne en France, Pierre Laval, souhaite, veut en leur nom, la victoire de l’Allemagne.

Pillé, ruiné, opprimé dans sa dignité nationale, notre peuple frémit d’impatience sous la botte de l’oppresseur. L’union de tous les Français s’est recréée. Les traîtres sont isolés et ne “gouvernent” plus qu’avec l’appui des baïonnettes étrangères.

A BIR-HAKEIM, à TOULON, en AFRIQUE du Nord, le drapeau français a salué les combats de nos soldats. Des Pyrénées au Rhin, de l’Océan aux Alpes, sur le vieux sol de la Patrie, témoin de tant de combats qui, au cours de l’histoire ont forgé la France, se dresse maintenant la vaillante cohorte des Francs-tireurs partisans.

Oui, la France veut reprendre sa place au combat.

Vous le savez bien, vous, Monsieur le Maire et les Conseillers Municipaux. Vous qui connaissez toutes les vexations, toute la misère, tout le pillage, toute l’oppression que subit notre peuple. Vous savez bien qu’il aspire à reprendre les armes et à se libérer.

Et voilà que l’ennemi a peur de la France désarmée, vidée d’un million et demi de ses fils. Dans les plaines de Russie, son armée a fondu. C’est la défaite devant STALINGRAD, à RJEV, à VELIKIE-LOUKI, enfin sur le Don. C’est la fuite de ROMMEL en LYBIE.

La peur du 2ème front serre l’ennemi aux entrailles. LAVAL vomi par la France, éructe sa haine de notre Peuple. Il menace l’opinion publique et, d’accord avec HITLER, il prépare une mobilisation civile, ayant pour but, sous prétexte de travaux de fortifications, de masser les Français dans des camps de travaux où ils seront concentrés pour être faits prisonniers dès que les Alliés débarqueront.

C’est à cette ignoble besogne de trahison que l’on veut vous faire participer en vous obligeant à désigner les premiers prisonniers car d’autres suivront.

Vous êtes, Monsieur le Maire et les Conseillers Municipaux, une élite choisie par vos concitoyens (souvent vos amis, vos parents) pour gérer et défendre leurs intérêts communaux.

Vous n’êtes pas des pourvoyeurs de camps de concentration et de Stalag.

Déjà quelle besogne vous a-t-on fait accomplir depuis 3 ans : rationnement, réquisitions, impositions et même on a voulu vous imposer la délation et le mouchardage.

Maintenant LAVAL veut vous contraindre à trahir vos amis, vos parents, vos administrés, vos concitoyens. Il veut vous imposer à trahir vos propres espoirs. Il veut vous imposer ce qu’on ne peut demander à un honnête homme : vendre son honneur sa dignité, sa conscience, pour conserver soi-même sa tranquillité.

Messieurs, vous êtes des Français, vous ne trahirez pas la France, nous en sommes certains.

Refusez de désigner des prisonniers. Refusez les listes de vos administrés. Donnez en bloc votre démission. Refusez de servir plus longtemps l’ennemi.

Faites encore plus. Prenez la tête de la lutte contre l’ennemi. Groupez vos concitoyens dans des Comités du Front National. Organisez la résistance.

Aux heures graves de son histoire, les meilleurs se sont dressés pour que vive la France.

Vous ne faillirez pas à ce devoir.

Le Comité départemental du Front National.