1944
34 - « Le Devoir des Français et la préparation de l'insurrection nationale ». Tract dactylographié et ronéotypé signé « Le Comité Départemental de la Libération de l'Indre », deux pages recto et verso, sans date [mai 1944], dactyl. et ronéo. (A. D. Indre, M 2746)LE DEVOIR DES FRANCAIS
ET LA PRÉPARATION DE L’INSURRECTION NATIONALE
Le Général de Gaulle en déclarant que “l’Insurrection Nationale est
inséparable de la Libération Nationale” a exprimé le sentiment de
tous les Français qui, n’attendant pas uniquement la libération de la Patrie
de l’action militaire des Alliés, veulent que cette libération soit, avant
tout, l’oeuvre du peuple lui-même.
Mais sans écarter la possibilité d’une insurrection pouvant précéder
un débarquement allié, nous devons nous préparer, dans les circonstances
actuelles, à l’insurrection nationale coïncidant avec la création
du second front à l’Ouest.
Sans nul doute, les forces françaises intérieures auront à remplir
des missions de parachutistes décidées avec le commandement des troupes
de débarquement, mais en plus de cela, le rôle décisif des F.T.P.
et des F.F.I. consistera à encadrer les masses soulevées et à les
entraîner au combat.
L’Insurrection Nationale, envisagée comme une tâche décisive dans
un avenir proche, exige :
1°- L’intensification de la lutte contre l’ennemi sous toutes ses formes et
par tous les moyens (grèves, sabotages, destructions, manifestations, actions
armées, etc.).
2°- Le renforcement massif des F.T.P. et de l’ensemble des F.F.I. ainsi que
l’intensification de l’action contre le boche, contre les traîtres et contre
les troupes de guerre civile de Darmand-Laval-Pétain qui multiplient les actes
de brigandage et les assassinats.
3°- L’organisation des réfractaires en Milices Patriotiques armées
s’entraînant systématiquement et progressivement au combat.
4°- L’organisation des groupes de combat dans les usines et en vue de les entraîner,
de les agguerrir pour en faire des cadres militaires, des milices patriotiques ouvrières
dans les usines.
5°- Le développement d’une propagande systématique tendant à
démoraliser les troupes ennemies, en tenant compte de la présence dans
l’armée allemande des Tchèques, Croates, Polonais et autres éléments
allogènes, perméables à la propagande antifasciste et susceptibles
de hâter le processus de décomposition des troupes d’invasion avec ce que
cela suppose de possibilités pour l’armement des patriotes.
Dans chaque localité, l’ensemble des patriotes doit être placé sous
la conduite d’un seul Comité local de la France Combattante. Les masses mobilisées
et encadrées par les groupes de F.T.P. et autres formations des forces françaises
intérieures devront avoir pour préoccupations :
1°- De donner l’assaut aux dépôts d’armes de l’ennemi.
2°- D’occuper les bâtiments publics, Préfecture, Mairies, centraux
téléphoniques, télégraphiques, électriques, postes de radio,
gares, garages etc.
3°- De paralyser les moyens de transports de l’ennemi (chemins de fer, routes,
canaux).
4°- D’abattre ou faire prisonniers les miliciens de Darnand, de désarmer
les gendarmes et policiers qui ne voudront pas combattre aux côtés des
patriotes et de distribuer leurs armes à ces derniers.
5°- De destituer les représentants des autorités de Vichy, Préfets,
Maires des grandes villes, de les faire prisonniers et de les remplacer par des délégations
de patriotes.
6°- De délivrer les patriotes emprisonnés ou internés et d’organiser
militairement aussitôt ceux qui sont en état de combattre.
Une telle action de masse se produisant sur l’ensemble du territoire français
en même temps que le débarquement allié qui obligerait les Allemands
à envoyer leurs troupes sur les côtes, permettra aux patriotes de porter
des coups très sensibles à l’occupant, de libérer des régions
entières qui pourront servir de bases de rassemblement pour les forces de libération
et de bases d’attaques semblables à celles dont dispose TITO en Yougoslavie.
Mais l’insurrection une fois déclenchée, doit être poussée jusqu’au
bout.
Il ne faut pas croire que l’insurrection nationale, une fois déclenchée
peut s’arrêter au gré des événements.
Croire par exemple, que l’insurrection nationale,
coïncidant avec le débarquement allié pourrait être arrêtée
au cas où les troupes alliées seraient obligées de piétiner plus
ou moins longtemps dans leurs têtes de pont, ce serait commettre la pire des
fautes, ce serait “découvrir” les patriotes, les livrer à la répression
des nazis et des bandits de Darnand et ce serait en même temps, diminuer le
rôle de la résistance française en faisant un simple appendice des
troupes alliées alors que le peuple français doit être le principal
artisan de sa libération, et jouer un rôle plus important dans la stratégie
alliée.
Il ne faut pas perdre de vue que l’insurrection est une guerre et que celui qui n’abat
pas est abattu, ce qui signifie que lorsqu’une insurrection est déclenchée,
il faut la poursuivre jusqu’au bout, jusqu’à la victoire, jusqu’à la libération
complète du territoire.
Le Comité départemental de la Libération
“DE L’INDRE”