1940
1 - « Espoir quand même ! ». Tract signé « Le Paraboche
», Châteauroux, Société d'Imprimerie, sans date [15 juin 1940],
impr. (A. D. Indre, Affiches et Brochures, 1939-1945)
Ce tract est l'œuvre de Jean Toulat, alors âgé de 24 ans et sergent
au 78e Régiment d'Infanterie à Châteauroux.
Né à Chauvigny (Vienne) le 23 juillet 1915, il fait ses études au
collège Saint-Stanislas de Poitiers puis entre en 1932 au séminaire d'Issy-les
-Moulineaux ; ordonné prêtre pour le diocèse de Poitiers le 12 juillet
1938, il est vicaire à Saint-Hilaire-le-Grand à Poitiers. Mobilisé
en 1939 comme chef de section, il participe à la Drôle de guerre ; évacué
du front à l'hôpital de Montauban, il rédige un petit bulletin intitulé
Le cafard enchaîné ; renvoyé ensuite par l'armée au dépôt
de son unité, le 78e Régiment d'Infanterie à Châteauroux, il
rédige une petite publication, Le Paraboche, qui n'eut que deux numéros
(le premier daté du 26 mai 1940, le second publié dans la première
quinzaine de juin). Le 15 juin 1940, il rédige ce tract intitulé Espoir
quand même ! lequel, comme l'appel lancé trois jours plus tard par
le général de Gaulle à Londres, met l'accent sur les ressources des
empires français et britannique et croit en la victoire finale des alliés
sur « le colosse nazi aux pieds d'argile » ; accepté par la censure
civile et militaire, il est tiré à 5 000 exemplaires et distribué
dans les divers quartiers de Châteauroux.
Démobilisé, Jean Toulat revient en Poitou comme curé de Jardres (Vienne),
sur la ligne de démarcation, et il participe alors à diverses missions
de résistance pendant l'Occupation. Après la Libération, il est nommé
vicaire de la paroisse Saint-Porchaire de Poitiers (il le restera jusqu'en 1974),
et commence à fournir des textes à l'hebdomadaire régional Le Courrier
Français. Chroniqueur régulier de cette revue, il étend sa collaboration
à l'ensemble des hebdomadaires catholiques de province à partir de 1949,
et publie de 1960 à 1993 trente livres. Militant pacifiste, hostile aux essais
nucléaires, à l'avortement, à l'euthanasie et à la peine de mort,
Jean Toulat, ami de l'abbé Pierre, est décédé le 28 décembre
1994.
L'heure est tragique !
Elle n'est pas désespérée.
Au cours de ses deux mille ans d'Histoire, la France a subi de multiples invasions
: toujours elle en est sortie vivante.
Paris est pris ? Mais déjà au siècle dernier, l'Allemand a souillé
le sol de la Capitale.
Notre Pays est envahi ? Mais en 1429, que restait-il de notre Patrie ? Quelques hectares
à peine, et pourtant la bergère de Domrémy a bouté l'envahisseur.
Mettons les choses au pire en supposant notre sol submergé par l'ennemi. Restent
encore les immenses Empires britannique et français qui finiront par faire trébucher
le colosse nazi aux pieds d'argile.
Ce raisonnement est appuyé par notre sentiment.
Nous sentons profondément que la France est immortelle.
La Patrie de Saint-Louis et de Jeanne d'Arc, le pays d'élection des Lettres
et des Arts, le berceau de toutes les idées nobles et généreuses,
la France en un mot, ne peut pas et ne doit pas périr.
Le cœur de la France peut saigner, il ne cessera pas de battre !
L'épreuve sera peut-être longue, mais tôt ou tard sonnera l'heure
de la RÉSURECTION !
« LE PARABOCHE »