Sommaire des mémoires de Georges Pirot
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Les mémoires de Georges Pirot |
Notes de Jean-Louis Laubry |
La débâcle et la résistance Alors que l'occupation arriva à toute vitesse, après cette drôle de guerre, il y en eut beaucoup plus que l'on croyait qui pensaient que Pétain avait bien fait de signer l'armistice. Ce n'est que par la suite, avec les organisations de la Résistance, que les yeux s'ouvrirent et comprirent dans quelle situation Pétain et sa « clique » nous avaient fourvoyés. Nous savons très bien maintenant que sans Pétain l'occupation de la France aurait été beaucoup plus difficile. Pendant l'occupation à un moment donné, nous eûmes des difficultés pour l'organisation du Parti, et les contacts étaient difficiles (21). Comme j'étais possesseur d'un permis de chasse, il me fallut rendre un fusil (22), et je leur ai donné un vieux fusil gras transformé en carabine, ce qui me permit de chasser quand même avec mon fusil que j'avais gardé. Des camarades craignant pour moi, m'avaient proposé de rentrer à la Légion des Anciens Combattants (23), et j'avais catégoriquement refusé. Ce qui nous gênait le plus après l'interdiction du Parti par l'équipe Daladier aidée par les socialistes (24) qui nous prenaient pour des traîtres parce que nous n'avions pas voulu condamner l'attitude de l'U.R.S.S., c'était l'absence de l'Humanité. Il y avait bien eu l'Humanité clandestine, mais nous étions loin d'en avoir régulièrement. Beaucoup de militants étaient arrêtés et déportés, comme ceux du Chemin de l'Honneur en Algérie. Je me souviens du numéro clandestin de l'appel au peuple de France en juillet 1940 de Jacques Duclos et de Maurice Thorez (25). Nous n'avions pas de ronéo (26) pour en faire tirer, alors chez moi, j'en avais fait rédiger un certain nombre d'exemplaires par mes gosses qui allaient à l'école, afin d'en distribuer aux camarades. C'est au moment de la débâcle que l'on se rendit compte de la catastrophe où nos dirigeants nous avaient plongés, provoquant l'exode de toute la population sur les routes de France. Chez nous, ce que nous vîmes en premier, ce furent les troupes dont la plupart des officiers étaient partis en premier. Puis, ensuite, vinrent les réfugiés. Dans notre région, il y avait des gens du Nord, qui en auto, qui en voiture à chevaux, ne sachant où aller, s'arrêtaient sur les routes et se faisaient souvent bombarder par l'aviation (27). Ce n'est que vers la fin de juin que toute la population reçut l'ordre de s'arrêter où ils se trouvaient. Près de chez nous, il y avait une équipe de Parisiens qui avait atterri là, et resta plus d'un mois logée dans les granges avant de réintégrer leur domicile. Par contre dans certaines régions comme La Châtre, de nombreux réfugiés d'Alsace restèrent longtemps et beaucoup participèrent par la suite à la Résistance dans l'Indre. Dès la fin de 1940 commença à s'organiser la Résistance et les contacts avec les membres du Parti s'établirent. À Châteauroux, un certain nombre de jeunes tirèrent et distribuèrent des tracts dans la ville. Malheureusement, il y eut une douzaine de ces jeunes gens qui furent arrêtés au début de janvier 1941. Avant ces arrestations, Lemoine (28) et Marchadier (29) avaient été arrêtés les premiers parce qu'ils avaient été pris pour des dirigeants ; de ce fait, au procès qui eut lieu à Clermont-Ferrand, ils furent condamnés à mort par le tribunal. Les autres inculpés furent condamnés à des peines allant des tra vaux forcés à perpétuité pour Dutour (30) et Bouilhac (31), à un an de prison pour Picard (32). Après plusieurs protestations venues d'un peu partout, la peine de mort fut remplacée par la prison à vie pour Lemoine et Marchadier. Ils furent incarcérés à Saint-Etienne d'où ils s'évadèrent avec une trentaine de camarades le 26 septembre 1943. Lemoine fut repris par la Gestapo à Nîmes en mai 1944 et déporté en Allemagne dont il ne revint qu'à la Libération. Un peu plus tard, notre camarade Jules Plicaud (33) fut arrêté et déporté lui aussi, et ne revint qu'à la Libération. Il est évident qu'après ces arrestations, il fallut agir avec prudence et pratiquer le cloisonnement afin d'éviter des arrestations groupées (34). Un autre jeune qui, jusqu'à cette date était presque inconnu pour beaucoup, devient l'un des principaux responsables du Parti dans l'Indre, après l'incarcération de Lemoine. Il se nommait Albert Dugénit (35) et je ne l'avais vu qu'une seule fois à une réunion publique pour la jeunesse communiste à Arthon en compagnie de Marcel Lemoine. Moi, j'étais en contact régulier avec Marcel Peyrat (36), lui aussi l'un des principaux responsables du Parti à cette époque. On s'occupait de la répartition du matériel, des tracts. Moi, je travaillais sur le secteur de La Châtre et de CluisS À La Châtre, j'étais en contact régulier avec les camarades Abrioux et Bonnin (37), décédés tous les deux depuis, à Cluis, avec Routet (38), mort en déportation. C'est Chauvat (39) qui me remplaça dans le secteur de Cluis. En février 1942, nous avions réussi à nous procurer une petite « imprimerie » composée d'une Gestetner et d'une machine à écrire qui nous avait été fournie par Roger Samson qui l'avait réquisitionnée. Madeleine Galatoire (40) faisait la dactylographie, puis par la suite Suzanne Barrat qui était réfugiée à Orsennes et travaillait avec Renée Grand-Clair chez qui elle logeait. Toutes les deux ont beaucoup aidé la Résistance. Elles furent même arrêtées vers la fin 1943, transférées à la prison de Châteauroux où se trouvait déjà Chauvat avec qui elles avaient collaboré. Elles s'en sortirent faute de preuves, par contre, Chauvat fut déporté et ne revint qu'à la Libération. C'est à la ferme des Jodons que fut tiré un journal, La Riposte, dont des exemplaires se trouvent à la Bibliothèque Nationale. Avec Georgette Palmino (41), Vignals (42) qui était le principal rédacteur et resta plusieurs mois aux Jodons (lieu de rendez-vous d'un grand nombre de responsables), Petitjean que nous retrouvâmes par la suite à Limoges, Pierre Besset (43) qui fut député du Puy-de-Dôme, Roger Samson qui faisait la liaison depuis la Corrèze et souvent passait la ligne de démarcation après un relais aux Jodons, puis au moment du débarquement, ce fut Jacques Renaud de la Dordogne, puis des jeunes comme Perel et Borgeais (44) ; enfin, tous ces gens participèrent à la grande lutte. Un jour, Vignals, Samson et moi étions réunis ; nous apprîmes que tout près de chez nous, il y avait un parachutiste anglais qui s'était tué à Velles en atterrissant. Le maire de l'époque, bien connu pour ses convictions pétainistes avait eu des gestes et des propos injurieux contre cet Anglais qui était envoyé pour aider la Résistance. Nous décidâmes sur la champ de rédiger un tract dénonçant l'attitude odieuse de cet individu. C'est Roger Samson lui-même qui n'était pas connu à Velles qui alla coller en plein jour les tracts sur les murs du village ! Cela fit beaucoup de bruit et même la police d'Orléans se déplaça sans succès. Le maire fut ainsi dénoncé à la radio de Londres comme un traître ! Comme par hasard, on apprit plus tard que le parachutiste venant d'Angleterre, était en fait Français (Jean-Pierre Reinach) né à Paris mais résidant à Londres et marié à une fille Rothschild qui était apparentée justement au maire de Velles ; mais cela, le maire ne le savait pas au moment (45). L'imprimerie des Jodons fonctionna jusqu'en mars 1943 où eut lieu une perquisition de la Gestapo. Grâce au sang froid de ma femme et de mon fils Jean, ils ne trouvèrent rien, et moi qui étais absent, heureusement que je fus prévenu de leur visite par mon fils qui s'était défilé discrètement. A croire que la Gestapo avait été assez bien renseignée, car les hommes dirent à ma femme qu'ils savaient que nous avions hébergé trois personnes la nuit même. Ils donnèrent cependant des noms qui ne correspondaient pas à la réalité, mais en effet, Roger Samson et deux autres jeunes qui venaient de la Corrèze avaient bien passé la nuit à la ferme ! Ils étaient repartis avant l'arrivée de la Gestapo. Je ne sais pas ce qui se serait passé s'ils étaient arrivés avant car ils étaient armés ; Samson avait même un pistolet espagnol à canon long que je venais de lui donner. Et chez moi, je possédais une mitraillette prête à faire feu et qui était cachée dans une ruche à abeilles (46). Ma femme leur avait tenu tête en affirmant que nous n'avions couché personne et qu'ils pouvaient vérifier partout. Elle avait même ouvert les portes des armoires. Après discussion entre eux, ils partirent puis revinrent quelques instants après, mais sans rentrer à la maison. Le plus vieux avait l'air d'avoir été envoyé là sans grandes convictions. Une fois repartis pour de bon, je ne rentrais pas à la maison pendant quelques jours en cas de surveillance. Mais je reçus l'ordre de déménager tout le matériel que nous avions. Avec l'aide de deux camarades de la région de Limoges qui étaient camouflés dans une scierie en forêt de Châteauroux, nous le transportâmes dans un coin broussailleux de la forêt. Nous avions indiqué au garde-forestier, le camarade Lavaud (47), où se trouvait ce matériel car des camarades de la Creuse devaient venir le récupérer en camion le surlendemain. Mais dans cet intervalle, deux choses s'étaient produites : il s'est trouvé que des chasseurs de blaireaux avec leurs chiens avaient découvert la cachette et averti les Saint-Hubert (48) et la police ensuite ! Puis, le camarade Legrain, qui lui aussi avait quelques grenades qu'il aurait voulu cacher, avait donc de ce fait demandé à Lavaud l'endroit de cette cachette. En allant aux Jodons, il passa près du secteur qui lui avait été indiqué en forêt et laissant son vélo au bord de la route, il essaya de repérer l'endroit mais dans le coin, il s'aperçut que quelqu'un l'avait vu et s'était camouflé. Très inquiet, il arriva à la ferme et raconta cela à ma femme. Étant parti en vélo à La Châtre pour porter des tracts à des camarades responsables, je ne suis rentré à la maison que la nuit. Quand ma femme m'apprit cela, je me suis dit « Pourvu que Legrain ne couche pas chez lui » car je craignais que les Saint-Hubert aient relevé son adresse à la plaque de son vélo. C'est ce qui s'était produit en effet et Legrain fut arrêté dans la nuit. Dans le matériel, il avait trouvé une machine à écrire qui provenait de la coopérative de Châteauroux dont se servait Madeleine Galatoire, et elle fut arrêtée également de ce fait. Dans le courant de l'année 1943, avec Roland Lamousse (49), responsable du Parti qui fut maire de Châteauroux à la Libération, nous décidâmes d'essayer de réorganiser les syndicats dans l'Indre. Nous avions convoqué le camarade Appert (50) qui, avec Pierre Gaultier, avait déjà eu des responsabilités syndicales. C'est lui qui par la suite fut secrétaire départemental de la C.G.T. ; c'est ainsi que la C.G.T. recommença son activité clandestinement. Pour les questions agricoles, je fus avec quelques autres dont Fauguet (51) qui avait été prisonnier et nous revenait prêt à agir, Machelidon (52) qui est mort en déportation, Arthur Pion (53) chargé d'organiser les premiers comités de défense et d'action agricole. C'était un travail qui n'était pas simple. Il fallait se méfier et convaincre un certain nombre de paysans de lutter contre l'occupation. Cela avait tout de même donné des résultats. Aussi au Congrès de Toulouse qui eut lieu peu après la Libération, le département avait envoyé une bonne délégation. C'était le premier congrès des C.D.A.P. [...] À la veille du débarquement (je reviens en arrière), j'avais eu la visite de Briant Théogène (54) et de Roland Despains (55). Je note en passant, que le fils à Briant (56) resta camouflé avec Vignals chez nous pendant plusieurs mois. [Suite] |
(21) Certains membres de la direction (notamment Maurice Thorez) avaient rejoint
l'U.R.S.S. dès l'automne 1939, d'autres vivaient en France dans la clandestinité
(par exemple Jacques Duclos). Une partie des militants étaient désormais
prisonniers de guerre en Allemagne. En outre, à partir de juillet 1940, la mise
en place de la ligne de démarcation rendait très difficile les contacts
avec Paris. (22) Les particuliers devaient remettre les fusils de chasse qu'ils possédaient aux autorités municipales. Cette mesure suscita beaucoup de réticence chez les campagnards très attachés à leur droit de chasse depuis la Révolution Française. (Cf. Coulon Gérard , Une vie paysanne en Berry (1882-1981), page 212, 3e édition , 1984, Vatan.) (23) La Légion Française des Combattants est créée par la loi du 29 août 1940 mais, dans l'Indre, elle s'organise seulement durant le premier semestre de l'année 1941. Reconnue d'utilité publique, elle « a pour mission de grouper, au service du pays, tous les anciens combattants » (de 1914-1918 comme de 1939-1940), les anciennes associations ayant été dissoutes. Fer de lance officiel de la Révolution Nationale, elle exerce une influence politique certaine jusqu'en 1942. (24) Dans le gouvernement Daladier, le ministre de l'Intérieur qui a en charge la répression anticommuniste est le socialiste Sérol .(En mars 1940, le bilan officiel est de 11 000 perquisitions, 4 300 arrestations et 1 500 condamnations .) (25) Le texte intitulé « Appel au peuple de France » connu également sous le nom d' « Appel du 10 juillet 1940 » est rédigé à Moscou, transmis à Paris, signé « Maurice Thorez » et « Jacques Duclos » et diffusé tant bien que mal au cours de l'été 1940. Il paraît dans L'Humanité clandestine et est distribué sous forme de tracts. Le texte s'attaque aux responsables de la guerre impérialiste et de la défaite, à savoir l'ensemble des hommes politiques français rassemblés dans une union sacrée de façade à l'automne 1939. Le message dénonce également les gouvernants de Vichy et les actes constituants promulgués par Philippe Pétain. Aucune phrase ne mentionne le fascisme hitlérien.Ce texte est également reproduit et diffusé par Marcel Lemoine et ses jeunes camarades dans l'agglomération castelroussine à l'automne 1940. (26) Machine servant à reproduire un texte rédigé sur un stencil, c'est-à-dire une matrice d'impression. (27) À partir de la fin du mois de mai 1940, le flot des réfugiés de l'Exode commença à déferler sur l'Indre. Des éléments de l'armée française s'y trouvèrent mêlés seulement vers la mi-juin, des centaines de milliers de personnes essayant alors de traverser le Bas-Berry pour fuir l'avance allemande. (28) Marcel Lemoine, né à Châteauroux en 1918, employé de bureau, secrétaire des Jeunesses Communistes de l'Indre dès 1937, membre du comité départemental (1938-1939), secrétaire de la section communiste de Châteauroux (1939-1941), entre dans la clandestinité pendant la « drôle de guerre » en raison de la répression anticommuniste, rédige, imprime et distribue des tracts et des journaux (L'Emancipateur de l'Indre ) de novembre 1940 à janvier 1941 avec un groupe de jeunes communistes déolois et castelroussins , arrêté le 17 janvier 1941 pour son action, emprisonné à Clermont-Ferrand , condamné à mort le 11 septembre 1941 par le conseil de guerre, peine commuée par Pétain en travaux forcés à perpétuité , détenu à la prison de Saint-Etienne d'où il s'évade en septembre 1943, repris à Nîmes en mai 1944, interné à Compiègne et déporté en août 1944 à Buchenwald , secrétaire de la Fédération Communiste de l'Indre (1947-67), adjoint au maire de Châteauroux (1945-1947), conseiller municipal (1947-1959), maire de Déols (1959-1977, 1983-1989), conseiller général de Châteauroux (1967-1985), député de l'Indre (1967-1968, 1973-1978). (29) Robert Marchadier (1911-1977), ouvrier électricien à l'Usine Michelin de Clermont-Ferrand puis inspecteur d'assurances après 1959, secrétaire de l'U.D.-C.G.T. du Puy-de-Dôme (1937-38), condamné à 18 mois de prison à la suite des grèves de novembre 1938, responsable interdépartemental du P.C. (Haute-Vienne, Creuse) en 1940, militant à Châteauroux, arrêté avec Marcel Lemoine en janvier 1941 pour propagande communiste et condamné à la peine de mort en septembre 1941, grâcié en même temps que Lemoine par Pétain et emprisonné à Saint-Etienne, s'évade en septembre 1943, est repris et déporté à Dachau, membre du comité central du parti communiste et secrétaire de l'U.D.-C.G.T. du Puy-de-Dôme à la Libération, conseiller municipal de Clermont-Ferrand (1947-1959). (30) Dutour Gaston, né à Saint-Florent (Cher), postier à la recette principale de Châteauroux à partir de 1938, jeune militant communiste en 1940, fait partie de l'équipe de Marcel Lemoine, est arrêté peu de temps après ce dernier le 31 janvier 1941 pour propagande communiste à Déols et à Châteauroux, condamné aux travaux forcés à perpétuité le 12 septembre 1941. Avec plusieurs compagnons de captivité, il s'évade de la prison de Saint-Etienne en septembre 1943 et poursuit le combat chez les F.T.P. de la région de Marseille, directeur du journal Rouge Midi à la Libération (après avoir assuré la parution de plusieurs numéros dans la clandestinité). Les autres jeunes communistes emprisonnés se nomment Louis Betous, Jean Brosset, Raoul Buffeteau, Lucien Châtelain, Roland Denis, Jean Duchiron, Henri Ducouret, Raoul Laurent, Gabrielle Lomond, Périclès Moulin, Emile Bouilhac et Désiré Picard. (31) Emile Antoine Bouilhac, né en 1913 à Saint-Denis près de Paris, ajusteur, militant communiste, arrêté à Châteauroux le 30 janvier 1941 avec le groupe de Marcel Lemoine, emprisonné à Clermont-Ferrand puis à Saint-Etienne après sa condamnation, est transféré à la Centrale d'Eysses (Lot-et-Garonne), puis part pour le centre de triage de Compiègne et est déporté en Allemagne à Dachau, libéré le 28 avril 1945. (32) Désiré Picard (1910-1988), cordonnier, membre des Jeunesses Communistes, représenta Châteauroux au Congrès mondial des jeunes contre la guerre et le fascisme en 1933, arrêté le 5 février 1941 avec le groupe des quinze jeunes communistes de Châteauroux et Déols, condamné à un an de prison, arrêté de nouveau par la Gestapo le 4 mars 1943, emprisonné successivement à Châteauroux, à Clermont-Ferrand et au camp de Mauzac avant de partir pour Compiègne et d'être déporté le 17 avril 1943 à Mathausen (Autriche), libéré le 8 mai 1945, maire-adjoint de Déols (1945-47) puis conseiller municipal jusqu'en 1953. (33) Jules Plicaud, habitant de Malicornay, arrêté en novembre 1942, déporté politique en Allemagne, membre du conseil national de l'électricité à la Libération. (34 Désormais les agents de liaison du Parti se rencontrent dans des lieux publics et utilisent des mots de passe. Surtout, du haut en bas, le Parti se réorganise en groupe de trois. Le territoire national est divisé en « interrégions » comprenant plusieurs « régions » recouvrant chacune un ou plusieurs départements. À la tête de l'interrégion, de la région ou du département existe le même dispositif en triangle avec un responsable politique, un responsable à l'organisation et un responsable aux effectifs. À la base enfin, sont mis en place encore et toujours des groupes de trois. À chaque échelon du triangle, les membres ne doivent se connaître que sous leur nom de guerre et ne se rencontrent que sur rendez-vous. Entre les groupes d'un même échelon, il n'y a pas de liaison. Il s'agit de limiter ainsi l'efficacité des coups portés par la police ou par d'éventuelles dénonciations.Les F.T.P.F. s'organisent également en « triangle » avec trois responsables chargés respectivement des questions militaires, des effectifs et du matériel. (35) Albert Dugénit (1913-1945) de Châteauroux, horticulteur, dirigeant des Jeunesses Communistes et du P.C.F., à la tête des J.C. de l'Indre en 1935, membre du Comité Central des J.C. et secrétaire de la région du Centre en 1936, crée dans l'Indre une union des jeunes paysans antifascistes, chargé en 1937 de reprendre en main la direction communiste de l'Indre, secrétaire de la section de Châteauroux (1938-39), engagé en 1939, arrêté et emprisonné pendant quatre mois à la caserne d'Issoudun, puis interné dans un camp en Haute-Vienne, il s'évade, se cache chez son frère Jacques, organise la résistance communiste dans l'Indre et la Creuse (1941-42) puis dans le sud de la France, arrêté à nouveau à Montpellier en mai 1944, déporté le 20 juin 1944 et mort du typhus à Dachau le 12 février 1945. (36) Marcel Peyrat, né en 1913 à Vareilles en Creuse, menuisier puis moniteur d'auto-école, adhérent au Parti Communiste depuis 1936, secrétaire de la section de Saint-Benoît-du-Sault, mobilisé en août 1939, réorganise de sa propre initiative le Parti dans la région de Saint-Benoît-du-Sault avec Machelidon et Arthur Pion en septembre 1940, succède à A. Dugénit en mars 1942 comme responsable communiste de l'Indre et de la Creuse, à l'origine des maquis de La Souterraine sous le nom de « Luc », puis responsable aux cadres du Lot et de la Haute-Vienne à partir d'octobre 1943, arrêté en août 1944, détenu à la prison de Limoges mais libéré lors de l'attaque de son centre de détention à la fin du même mois, secrétaire régional du parti communiste de l'Indre à la Libération, élu député de l'Indre en octobre 1945, en juin et novembre 1946 jusqu'en 1951, maire d'Issoudun (1947-1949). (37) Henri Bonnin et Robert Abrioux de Montgivray, distributeurs de tracts et de journaux clandestins, membres des F.T.P. (38) Aimé Routet, militant communiste de Cluis, arrêté en 1943, détenu à Châteauroux et à Limoges, puis déporté en Allemagne et mort en camp de concentration. (39) André Chauvat d'Argenton, militant communiste, libéré du service militaire en septembre 1941, résistant F.T.P., actif dès la fin de 1941, distribue des tracts et des journaux dans la région de Cluis, fait sauter trois pylones à Orsennes près d'Éguzon le 10 octobre 1942, sabote le commissariat de police et le bureau de la Légion Française des Combattants d'Argenton en octobre-novembre 1942, arrêté par la police judiciaire de Limoges avec Jules Plicaud en novembre 1942, interné à la maison d'arrêt de Châteauroux, rate sa tentative d'évasion avec les autres détenus politiques le 24 décembre 1943, puis est transféré à Limoges en février 1944, est condamné en mars à la prison à vie par la Section Spéciale et arrive à la prison centrale d'Eysses (Lot-et-Garonne) en avril 1944 , prend la direction de Compiègne en juin et est déporté aussitôt à Dachau. (40) Madeleine Galatoire, née en 1919 à Brienon-sur-Armancon dans l'Yonne, fille de Maurice Galatoire, secrétaire-dactylo employée à la Coopérative de Châteauroux, secrétaire des « Jeunes filles de France », arrêtée en avril 1943, puis une nouvelle fois en décembre 1943 par la Gestapo avec Suzanne Barrat et Renée Grand-Clair d'Orsennes ; ces trois jeunes femmes tapaient à la machine les tracts et le journal La Riposte des Patriotes de l'Indre (de Georges Vignals) tirés à la ferme des Jodons. En outre, elles assuraient une partie de la distribution. (41) Georgette Palmino, née en 1915, comptable, arrêtée le 28 octobre 1941 avec un groupe de jeunes communistes de l'Indre et de la Creuse pour distribution de tracts puis relâchée, continue à en distribuer dans la région de Châteauroux de 1942 à 1944, conseillère municipale de la cité castelroussine à la Libération. (42) Georges Vignals né le 6 septembre 1888 à Genevières dans le Lot, vérificateur des contributions indirectes, secrétaire de la section socialiste de Vierzon-Ville (Cher) en 1920, rejoint le Parti Communiste, responsable syndical et membre du conseil fédéral de l'A.R.A.C. en 1924, s'écarte un temps du P.C. et crée un journal hebdomadaire dissident La Riposte (mai-juin 1925), inspecteur des contributions indirectes à Romorantin en 1937, candidat au conseil d'arrondissement dans le canton de Mennetou-sur-Cher (13% des voix), recherché par les Allemands dès 1940, nommé en 1941 contrôleur principal des contributions indirectes à Chauvigny, prend sa retraite peu après, arrêté par la gendarmerie de l'Indre et interné au camp de Saint-Paul d'Eyjeaux (Haute-Vienne) d'où il s'évade, se cache à Aigueperse (Creuse), à Arthon (Indre) puis dans la ferme de Georges Pirot aux Jodons où il rédige des tracts et édite en 1943 un journal intitulé La Riposte des Patriotes de l'Indre ; recherché, il part en Dordogne en octobre 1943, revient dans l'Indre en 1944 sous le nom de lieutenant « Fulmina » dans les F.T.P., dirige le Front National et est vice-président du C.D.L. de l'Indre à la Libération, candidat aux élections cantonales de Mennetou-sur-Cher en 1951. (43) Pierre Besset, secrétaire-adjoint de l'U.D.- C.G.T. du Puy-de-Dôme avant la guerre, retrouve son supérieur Robert Marchadier à la prison de Saint-Etienne en 1943, parvient à s'évader le 26 septembre 1943, participe activement à la résistance F.T.P., élu député communiste du Puy de Dôme à la Libération. (44) Roger Perel (ou Pairel) et Bernard Borgeais (ou Borget), de Déols, militants communistes et maquisards F.T.P. (45) Robert Balsan (1875- ?), maire de Velles, industriel à Châteauroux à la tête des Établissements textiles Balsan. D'après La Marseillaise du Berry daté du 22 février 1946, M. Balsan est passé en jugement devant la Chambre Civique de l'Indre qui siégeait à Bourges : « En octobre 1940, on vint le prévenir qu'un parachutiste allié s'était tué sur le territoire de la commune. M. Balsan répondit par ces mots : " Si c'est un Anglais, c'est un ennemi. Si c'est un gaulliste, c'est un traître. " Peu de temps après cette déclaration, M. Balsan changea sa manière de voir. Plusieurs témoins déclarent que le prévenu a eu une belle attitude pendant l'occupation. Après le réquisitoire du commissaire du gouvernement, M. Balsan est condamné à 6 ans d'indignité nationale. » (46) Cette astuce fut employée plus d'une fois par les résistants durant l'Occupation. (47) Lavaud, garde forestier, militant communiste du Poinçonnet. (48) Il s'agit de la gendarmerie nationale. (49) François Lamousse, militant communiste, secrétaire du syndicat C.G.T. des cheminots de Brive-la-Gaillarde (Corrèze) avant 1939, arrêté pour ses activités politiques au début de la guerre et interné dans le camp de Saint-Sulpice la Pointe dans le Tarn d'où il s'évade, rejoint l'Indre où il succède à Marcel Peyrat en octobre 1943 comme responsable régional du P.C.F. (« Roland I »), devient président du Comité Local de Libération (C.L.L.) de Châteauroux et maire provisoire de la même ville pendant quelques jours en septembre 1944 avant de repartir en Corrèze pour occuper le poste de secrétaire de l'U.D.-C.G.T. en 1947. (50) Louis Adrien Appert (1904-1969), ouvrier ébéniste aux Établissements militaires de Châteauroux, membre du cartel départemental des fonctionnaires et des ouvriers des services publics (1928-32), secrétaire du syndicat C.G.T. des Établissements militaires (1931-39), trésorier adjoint de l'U.D.-C.G.T. (1938-39), membre du Parti communiste exclu du bureau fédéral de l'U.D. en septembre 1939 pour avoir refuser de condamner le pacte germano-soviétique, prend part à la reconstitution de l'U.D. clandestine à la fin de 1943, secrétaire de l'U.D.-C.G.T. (1944-51), membre du C.D.L. de l'Indre en 1944-45, conseiller municipal communiste de Châteauroux (1945-53), muté de l'usine d'aviation de Châteauroux à celle de Châtellerault (Vienne) en août 1951, premier adjoint au maire de Châteaudun (Eure-et-Loir) à son décès. (51) Gabriel Fauguet, agriculteur à Orsennes, à la tête du comité de défense et d'action paysanne clandestin de la région d'Aigurande en 1944, membre du C.D.L., président de la Confédération Générale de l'Agriculture (C.G.A.) de l'Indre à la Libération, l'un des fondateurs de L'Aurore Paysanne avec Georges Pirot et Arthur Pion. (52) Georges Machelidon, agriculteur, militant des organisations paysannes depuis 1930, membre du bureau départemental de l'Union des Jeunesses agricoles en 1937, rapporteur des ouvriers agricoles au Congrès de la Fédération Paysanne en 1938, résistant de la première heure, auteur de sabotages et à la tête du comité de défense et d'action paysanne (C.D.A.P.) clandestin de la région de Saint-Benoît-du-Sault en 1944, agent de liaison F.T.P. arrêté le 25 juillet 1944, déporté en Allemagne, mort à Wilhemshaven en mars 1945. (53) Arthur Pion, né en 1912 et habitant de Celon, secrétaire départemental des Jeunesses agricoles en 1938, résistant F.T.P. avec son frère Arthème et à la tête du comité de défense et d'action paysanne clandestin de la région d'Argenton à la fin de l'Occupation, responsable politique communiste dans le sud de l'Indre, conseiller municipal de Celon après la guerre, l'un des fondateurs de L'Aurore Paysanne avec Georges Pirot et Gabriel Fauguet. (54) Théogène Briant (1897-1980) de Dun-le-Poëlier, militant communiste depuis 1921, entrepreneur de travaux publics, récupère des armes dès le mois de juin 1940, reçoit la visite d'Albert Dugénit pour la distribution de tracts en novembre 1940 ou au début de 1941, obtient du matériel par l'intermédiaire d'Amand Mardon, maire socialiste de Dun-le-Poëlier révoqué par Vichy, lui-même membre du réseau de Max Hymans puis de l'A.S., fut le principal artisan de la Résistance F.T.P.F. dans le Nord de l'Indre sous le pseudonyme d'« Alex » avec son frère Siméon, pratique des sabotages à partir d'octobre 1942, réceptionne des parachutages et organise un maquis dès 1943, contribue aux premières dotations en armes de groupes F.T.P. des départements limitrophes transportées notamment par Roland Despains, Robert Beaudoin et « Jeannot » Bizeau, affronte avec ses hommes la Gestapo, les S.S. et la Wehrmacht les 1er et 11 juin ainsi que le 15 août 1944 à Dun-le-Poëlier, membre du C.D.L. à la Libération, commandant de la place de Châteauroux (1944-1946). (55) Roland Despains, né en 1920, originaire de Paris, aux Chantiers de Jeunesse de mars à octobre 1941, travaille comme monteur en charpentes métalliques à Carmaux quand il reçoit une convocation pour le Service du Travail Obligatoire (S.T.O.) en Allemagne, devient alors réfractaire en décembre 1942 et se réfugie sans papiers chez ses grands-parents à Chabris, apprend alors l'arrestation de ses parents par la police parisienne pour participation à la Résistance, effectue ses premiers sabotages avec Jean Blondeau en août 1943, entre chez les F.T.P. d'Alex et gagne le maquis, vit le jour dans les bois de la Vernusse et la nuit dans une petite cabane aux Mineaux (commune d'Orville), devient responsable militaire Indre-Nord à la fin de 1943 puis l'un des trois responsables du triangle départemental des F.T.P. (avec Jacques Bizeau et Robert Beaudoin) sous le pseudonyme de « Roland II » toujours chargé des questions militaires au début de 1944, participe au sabotage de l'usine Bloch à Déols en février 1944, réceptionne plusieurs parachutages dans la région de Saint-Gaultier et organise un important maquis dans les environs prêt à entrer en action en juin 1944, lieutenant-colonel commandant la 5e Brigade F.T.P.F. de l'Indre à la Libération. (56) Yvan Briant, né en 1923, fils aîné de Théogène Briant. |
Sommaire des mémoires de Georges Pirot
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